Rando dans les Pyrénées en toute simplicité

Rando dans les Pyrénées en toute simplicité

Pic de l’Enfer par la crête Nord/Est

02/07/2017 : Bassin d’Aumet – GR10 – Col Mitja – Refuge du ras de la Carança – Coma de l’Infern – Pic du haut de Coma Mitjana (2753m) – col 2685m – Pic de l’Enfer (2869m) – Pic des Gours (2851m) – Pic de la Vaca (2821m) – Pic Supérieur de la Vaca (2826m) – Pic de la Fosse du Géant (2799m) – Pic de Noucreus (2799m) – Col de Nou Fonts (2652m ) – Pla de Nou Fonts – vallée de la Bailette – vallée de l’Orri – Bassin d’Aumet

 

Pratiquement chaque région des Pyrénées possède un sommet très éloigné de son point de départ, en passant par le versant Nord. L’Ariège possède le pic de Font Blanca au fin fond d’une très longue vallée suspendue, les Pyrénées-Orientales ont le pic de l’Enfer. En partant de Thuès-entre-Valls et en suivant intégralement la vallée de la Carança, c’est une très longue marche qui attend le plus vaillant des marcheurs. Le refuge du ras de la Carança est là pour fractionner ce périple sur deux journées. Je propose de gravir ce sommet majeur des P.O. à la journée, en partant du bassin d’Aumet, depuis une vallée adjacente. En partant de 1620 mètres d’altitude, cela réduit notablement le dénivelé et la distance d’approche ; ainsi cela laissera du temps pour cheminer sur quelques sommets supplémentaires le long de la crête frontière.

Je me mets en marche à 5h50, sous un ciel bas et gris, par une température de seulement 7°C. Je suis accompagné par les aboiements roques d’un chevreuil. Depuis le bassin, suivre les balises rouges et blanches du GR10. Ici aucune difficulté, le bon sentier du GR conduit sans faillir au col Mitja. Pas d’échauffement, le sentier monte tellement fort, si bien que les 720 mètres de dénivelé sont absorbés en 1h05. Je ne fais que passer au col Mitja à 6h57, sous un ciel toujours aussi bas et humide.

 

Col Mitja depuis els collets d'avall

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Au col Mitja, les comas de Bassibès et Mitjana

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A présent on plonge de 500 mètres dans la vallée de la Carança jusqu’au refuge du ras de la Carança. Le sentier coupe les lacets de l’antique piste forestière, quasiment impraticable. Le refuge est atteint à 7h35 pour 1h41 de marche à la fraiche. De nombreux troupeaux de bovins et de touristes gravitent autour du refuge ; je ne fais donc que passer.

 

Au fond, la haute vallée de la Carança où je vais

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Un véhicule là, si je ne l'avais pas vu, je ne l'aurai pas cru

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Au niveau du refuge, je quitte le GR10 pour me mettre dans l’axe de la vallée de la Carança, cap vers le Sud. Ici, peu de dénivelé mais de la distance. En s’éloignant du refuge, je vais surprendre un lièvre, puis un chevreuil et enfin une biche. Je n’aurai jamais pensé trouver à 2000 mètres ces animaux des plaines. Il faut compter une bonne heure pour trouver l’entrée de la Coma de l’Infern, juste avant le premier étang. Je quitte l’axe principal de la vallée, pour prendre pied à ma gauche, sur le glacier rocheux de la coma de l’Infern. Rencontre avec les premiers isards du jour.

 

Torrent impétueux de la Carança

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Plus calme dans sa partie supérieure

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Le faux col à viser pour entrer dans la coma de l'Infern

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On s'observe pacifiquement

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Il faut naviguer à vue sur ce glacier rocheux, vestige d’une glaciation qui a érodé les sommets pour porter jusque-là des tonnes de roche. L’humidité ambiante a rendu glissants les lichens qui recouvrent les blocs de granit. C’est la partie la plus critique de cette approche et la moins plaisante.

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Nouvelle rencontre

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Apparait alors sur la gauche un grand couloir d’herbe, seule faiblesse dans la muraille qui relie les deux sommets de Coma Mitjana. Je vise donc un point bas entre les deux sommets de Coma Mitjana, et tel un isard, je file droit dans la pente. Les isards parlons-en ! Je me sens épié derrière le rideau de brume. Soudain j’entends un fracas au-dessus de moi, et j’aperçois une pierre grosse comme un four micro-ondes qui dévale dans ma direction. J’ai moins de 3 secondes pour prendre une décision, et la bonne ! Je quitte d’un bond l’axe de la pierre et des isards. Ouf, il s’en est fallu de peu ! Les isards ne sont pas très prudents, et moi j’ai eu une montée d’adrénaline qui me permet de gravir à vive allure cette pente de gispet. J’y parviens à 10h08 après 3h58. Je connais ce bout de crête qui conduit au pic du Haut de Coma Mitjana, sans difficulté. Premier sommet du jour à 10h31 et les 4h16 d’effort m’ont ouvert l’appétit. Toujours pas de visibilité, mais la quiétude du sommet pour moi seul.

 

Les sentinelles à leur poste

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Le grand étang de la Carança

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Sommet du pic du haut de Coma Mitjana, si si il faut me croire sur parole

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11h08 j’engage la suite de la crête dans le brouillard. Je dois partir au Sud, mais dans le brouillard, rien ne ressemble plus à une crête qu’une autre crête. Durant la descente, je remarque à ma droite un étang assez important ; or il ne devrait pas y avoir un tel étang à ma droite. Je viens de mettre le cap sur la Coma Mitjana, quelle erreur ! Terrible brouillard qui déboussole si vite. Je m’en aperçois assez tôt, et je corrige ma trajectoire, en rattrapant en courbe de niveau la crête que je dois suivre. A présent, plus d’erreur possible, c’est droit devant. Quand j’ai découvert cette crête il y a 3 semaines, je m’étais dit qu’il ne fallait surtout pas se trouver là par temps de brouillard, tant la crête semblait austère. Voilà ça c’est fait !

 

Ambiance fantomatique sur la crête

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Les étangs de la Coma de l'Infern sur ma droite

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La lugubre crête Nord/Est du pic de l’Enfer

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Au col 2685 mètres, j’engage la crête que je convoite. A part deux passages un peu relevés, il n’y a pas d’autres difficultés notoires, c’est quasiment de la randonnée verticale où l’on met parfois les mains pour soulager les cuisses. C’est un accès élégant pour gravir un sommet qui porte un nom évocateur. Je foule les 2869 mètres du pic de l’Enfer à 12h03, soit 5h09 depuis mon point de départ. Le pic de l’Enfer est tout simplement le 6ième plus haut sommet du département des Pyrénées-Orientales. Il est le point d’intersection de la coma Mitjana et la Coma de l’Infern. Appelé aussi Infern par nos voisins de Catalogne, je le nommerai en pic de l’Enfer puisque la cime est intégralement en France. Et des Espagnols, le sommet en est farci. Ils viennent tous de la station de ski de Vallter 2000, et arrivent en pente douce en criant leur joie d’avoir conquis un haut sommet, si facile par cet accès. Sur plus de 50 personnes, je suis le seul francophone. Trop de bruit, trop d’agitation, visibilité réduite, à 12h20 je quitte le point culminant du jour.

 

Sommet du pic de l'Enfer

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La vue s'ouvre sur les étangs de la coma de l'Infern

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L'étonnante crête frontière

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Je me rends ensuite au pic des Gourgs d’où l’on a une première vue intéressante sur l’Enfer. Soudain le ciel se découvre, le brouillard se déchire, la vue s’ouvre. Enfin ! Puis je m’engage sur la crête frontière cap à l’Ouest. Cette crête frontière est un régal pour les amoureux de marche facile en altitude. Je vais jouer à saute-mouton d’un pic à l’autre. Pas moins de 5 sommets à traverser. Pic des Gours (2851m), pics de la Vaca (2821m, 2826m) en 5h52, pic de la Fossa du Géant (2799m), pic de Noucreus (2799m). Le pic Supérieur de la Vaca donne l’occasion de découvrir la vallée de la Carança dans son axe profond.

 

Pic de l'Enfer depuis le pic des Gourgs

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Le pic de l'Enfer s'éloigne

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La haute vallée de la Carança

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Une légende raconte que les étangs de la Carança ont servi d’ultime refuge aux dernières naïades des Pyrénées-Orientales quand elles furent effrayées, à l’aide de cloches, dans les vallées du Cadì au Canigou. Il y a encore de nos jours ceux qui ne perdent pas l'espoir de surprendre une de ces nymphes aquatiques lorsqu’elles sortent recevoir la luminosité de la Lune. Pas de naïade aujourd’hui, mais à nouveau des isards. J’en aurai vu plus de 100 aujourd’hui ; c’est à se demander si ce n’est pas leur sanctuaire.

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Pic de l'Enfer

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Un bout de crête à suivre, au fond au centre le pic de Noufounts

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Quelques hauts sommets vers le Sud

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Pic de Coma Mitjana et pic du Haut de Coma Mitjana

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Col de Nou creus

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Pla de Nou Founts sous l'imposant pic de Nou Founts

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A présent, il ne me reste plus que de la descente. J’arrive au col de Noufonts à 14h05 pour 6h35 de marche. A ce col, je fais le choix de rentrer par la vallée de la Bailette en évitant le coll d’en Bernat. Je n’ai plus d’eau et je sais que la source du torrent de la Bailette jaillit tout près de là.

 

Source de la Bailette sur fond de pics de Racò Petit et Racò Gros

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Un très bon sentier fait de murets en pierre sèche permet d’éviter la chute d’eau du torrent. Puis au pied de la cascade, il ne reste plus qu’à suivre les cairns. La partie haute de cette vallée suspendue est très agréable, fleurie, aérée, mais je le trouve monotone et longue en perdant du dénivelé. On finit par rattraper le sentier de la vallée de l’Orri, bien mieux entretenu.

 

Partie haute de la cascade de la Bailette

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Retour sous le ciel bleu

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Le Roc del Boc à ma droite

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Il reste encore un peu moins d’une heure d’un pas rapide, pour retrouver le point de départ. Je conclus cette boucle sauvage et aérienne à 16h21, après 8h30 de marche effective, et sous le soleil qui a fait défaut une partie de la journée. C’est un circuit que l’on peut scinder en deux en allant dormir au refuge du ras de la Carança. La crête frontière vaut à elle seule les efforts. Il est bien rare dans les Pyrénées de cheminer aussi facilement à plus de 2800 mètres, seules les Pyrénées-Orientales offrent cela.

 

Fichier GPX à télécharger

 

Tracé du jour sur carte IGN 1/25000

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Détail de la crête frontière sur carte espagnole

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La journée en chiffres :

Temps de marche 8h30 pour 27km à 3,2 km/h

Dénivelé positif total : 2040m – Autant en négatif

Point culminant 2869m



03/07/2017
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