Pic de l’Etang Blaou par le couloir du « Pas de la Soulane » depuis le Bouychet (PD)
01/05/2025 : Bouychet (925m) – Jasse de Brouquenat d'en bas – Etang de Peyregrand – Etang Blaou – Pic de l’Etang Blaou (2661m) – aller/retour
Le Pic de l’Etang Blaou est l’un des nombreux sommets que l’on pourrait qualifier « d’anonyme » dans ce riche secteur qu’est l’Aston/Vicdessos, où les approches sont toujours un moment d’anthologie. En venant par le nord, l’accès le plus logique consiste à remonter la très longue vallée de Peyregrand. Rien d’original, si ce n’est qu’en présence de neige, cela devient réellement une longue sortie. L’accès par le sud consiste à remonter la vallée du Rialb depuis l’Andorre ; une randonnée plus courte que celle du jour. C’est avec mon ami Joël que nous allons mesurer nos forces sur une journée qui s’annonce pleine de promesses. Après avoir couru 42,195km dimanche en un temps de 3h17min40, je vais voir s’il reste encore du carburant dans le réservoir pour gravir une cime Ariégeoise. Départ à 6h05 depuis le parking du Bouychet au fond de la vallée de Siguer. Nos sacs sont chargés pour affronter tout type d’imprévu, mais ce sera lourd de conséquence sur la qualité de la marche. Un vent très chaud souffle sur nos têtes, ce n’est pas un bon signe pour la portance de la neige. La prise de dénivelé est immédiate et dans cette partie de vallée, le ruisseau d’Escales est bouillonnant des eaux de fonte. Il est impressionnant de puissance, et le vacarme de l’eau est étourdissant, oppressant. Nous parvenons à la seconde passerelle à la confluence du ruisseau d’Auruzan à 7h20, en 1h20. Il fait toujours aussi chaud et le jour s’annonce sous un ciel clair.
Le bouillonnant ruisseau d’Escales
Parterre de fleurs dont j'ignore le nom
Toujours l'assourdissant ruisseau d’Escales
L'un des passages façonnaient par le savoir faire des anciens
Nous nous trouvons pratiquement sur le plancher de la vallée supérieure et cela ne dénivèle pratiquement plus. Le passage marécageux au niveau du refuge de Brouquenat d’en haut est toujours désagréable et nous ne trainons pas dans ce bourbier. Un marcheur vient de nous rejoindre. Il est le charpentier qui a réalisé l’étonnant refuge de Llassiès et il n’a pas revu son ouvrage depuis sa construction il y a plus de 20 ans. Il vient en ce jour en repérage, et nous double facilement en nous souhaitant une belle journée. La prise de dénivelé se poursuit lentement jusqu’à parvenir à l’Etang de Peyregrand à 9h02 pour 2h58. Cela ne représente que la moitié de l’itinéraire aller, c’est dire si la journée sera longue.
Les jonquilles sont sorties
Ruisseau de Brouquenat
Gros plan sur le Pic du Pas de Chien
(photo Joël)
Etang de Brouquenat d'en Haut
Pic de Bourbonne dans le fond
Gros plan sur le versant N/E du Pic de Bourbonne
Etang de Peyregrand
Gros plan sur le pic de l'Etang Blaou
Etang de Peyregrand vu vers l'amont
Pic d'Arial dans le fond en point de mire
Gros plan sur la face nord du pic d'Arial
Pic de l'Etang Blaou versant ouest
La prise de dénivelé est toujours aussi douce alors que nous suivons le ruisseau de Peyregrand. L’objectif du jour que nous ne connaissons pas nous trompe parfois et reconnaitre au premier coup d’œil un sommet qui nous est inconnu demande de jouer avec la carte et la boussole pour ne pas commettre d’erreur. Un exercice toujours intéressant à renouveler aussi souvent que nécessaire. Il faudra attendre de parvenir à 2000 mètres pratiquement à la verticale de la cascade du ruisseau de Llassiès pour trouver un pont de neige qui nous permette de traverser le ruisseau de Peyregrand. Il faut alors s’élever sur notre gauche le long de la rude pente recouverte de rhododendrons. En l’absence de sentier, les efforts consentis sont considérables, c’est un tout droit dans la pente. Cela nous amène à de petits étangs puis à l’Etang Blaou à 11h37, en 5h14. Le poids écrasant du sac à dos nous ayant bien freiné dans cet effort.
Le pont de neige sur le ruisseau de Peyregrand
Joël dans la pente dos au pic de Bourbonne
Toujours pic de l'Etang Blaou où nous allons sur notre gauche
Vue vers le sud sur la frontière
S’ensuit la traversée pour se rendre en amont de l’étang en longeant la berge rive droite. La neige a encore une portance suffisante pour se passer des raquettes. Nous poussons la marche jusqu’au fond du petit cirque glaciaire, et à la verticale du couloir, nous faisons un point. La météo s’est brutalement dégradée. Un voile nuageux ne laisse apparaitre que de partiels morceaux de ciel bleu. Il est alors 12h05 et voilà 5h59 d’efforts continus. Il fait faim, mais le temps presse. Comme un seul homme, nous convenons de nous délester du superflu et de ne garder que le nécessaire pour gravir le couloir et atteindre la cime. Le couloir est partiellement en condition, la neige relativement molle, nul besoin de crampons et un unique piolet technique suffira. A 12h20, nous engageons le couloir.
Pic de l'Etang Blaou où l'on devine le couloir
L'Etang plus Blanco aujourd'hui que Blaou
Le couloir et le Pas de la Soulane à droite
Le couloir du Pas de la Soulane dans sa longueur
Sur la première moitié, la neige porte relativement bien pour une journée où la température est positive. Mais sur la partie supérieure au Pas de la Soulane, la neige est bien dure, ce qui demande plus d’attention sans les crampons. Le couloir est totalement rectiligne, un modèle de constance. La vue s’élargit tandis que l’on prend de la hauteur. Mais le ciel est à présent menaçant, je me hâte. De brèves giboulées tombent, il faut faire vite. La neige continue cesse sous l’arête sommitale. C’est un passage en herbe où savoir jardiner n’est pas une option. Le piolet est à cet instant plus utile que jamais. Je parviens à la sortie du couloir où une plaque de neige nous attend. Puis, l’arête faitière est encombrée de neige en trop grande quantité pour nous permettre d’avancer sereinement. Rien de technique, mais les menaces du ciel et le harcèlement incessant des giboulées vont nous inciter à faire demi-tour avant de toucher le cairn sommital. Il est 13h15 et nous aurons mis 6h30. L’arête ne dénivèlant pas, le sommet est pour ainsi dire validé. La priorité est à la sécurité, il faut redescendre. Nous retiendrons la particularité que l’Etang Blaou n’est pas visible depuis la cime du sommet qui porte son nom, qui, cette dernière, est plus tournée vers la vallée de la Sabine.
La pente est réellement inclinée
Pic de Thoumasset versant Ouest
Nouvelle vue sur l'Etang Blaou
La crête N/W du pic de Thoumasset
Encore un effort, ce n'est que la moitié
La sortie est totalement sèche
On s'enfonce parfois mais de façon raisonnable
La partie herbeuse est bien plus longue qu'elle ne paraissait
La sortie est grandement facilitée par l'absence de neige, mais demande quand même de l'attention
Vue sur le pic de Thoumasset depuis la sortie du couloir
La vallée de Peyregrand d'où nous venons
Pic de Font Blanca et Pic de Tristagne dans le fond à droite
Gros plan sur la face Est du pic de Tristagne
(photo Joël)
Gros plan sur le Pic de Serrère
La descente du couloir est certainement le moment le plus critique de toute la course, car le gispet toujours couché par la neige à peine fondue, n’a aucune accroche. C’est tout aussi glissant que de la neige gelée. A nouveau quelques giboulées. Il faut jouer avec le rocher, tantôt rive gauche, tantôt rive droite, jusqu’à parvenir au point où la neige devient suffisamment molle pour ne pas être dangereuse. Avec beaucoup d’attention, de discernement et de maitrise technique, nous parvenons au pied du couloir sans accident. Un très bel exercice de concentration en travaillant la proprioception. Et un plaisir de partager cela avec mon ami. Il alors 14 heures lorsqu’enfin nous retrouvons le matériel et le repas. 7h08 d’efforts, cela vaut bien un peu de réconfort. Et comme par enchantement, le ciel va s’ouvrir, le bleu va apparaitre et le soleil régner. A table à présent.
Nouvelle vue sur l'Etang Balou
L'un des passages délicats sur terrain ariégeois
Ultime regard sur ce couloir si bien caché
Pas de boucle aujourd’hui, c’est impossible à réaliser dans le secteur à cause de la complexité des vallées. Nous revenons donc sur nos pas. Après une heure complète de pause, c’est à 15 heures, raquettes aux pieds, que nous prenons le chemin du retour. La marche est grandement facilitée avec ces appendices pédestres, car cela soulage les épaules de ne pas les porter, nous ne nous enfonçons pas et parfois même il y a de confortables glissades. Faute de savoir skier, la raquette remplit parfaitement sa mission. Nous devrons franchir une nouvelle fois le ruisseau de Peyregrand au niveau du pont de neige matinal, unique possibilité du jour pour changer de rive sans se mouiller les pieds. Nous chargeons les raquettes sur le sac et cap sur le fond de vallée. Il reste en distance 11 km à parcourir.
Nouveau regard sur notre horizon de marche
On parait vite petit dans cet univers
Le pont de neige qui vit ses dernières semaines
Nouveau regard sur le pic de l'Etang Blaou
Nous allons dévaler la longue vallée sans faire la moindre pause, il faut avancer. Le ciel s’étant éclairci, il fait même chaud malgré la présence de neige environnante et les embruns du torrent. Le retour semble interminable, c’est toujours ainsi dans cette vallée fréquentée principalement par les pêcheurs. Nous terminons la randonnée à 19h21 pour un total de marche de 11h15. Ce type d’ascension dans ces conditions n’est possible qu’en l’absence totale de neige durant toute l’approche, mais nous aurions apprécié plus de neige dans la partie supérieure, pour plus de sécurité. A réaliser par une journée de météo stable, ou bien dormir dans l’une des deux cabanes afin de couper l’approche en deux. Nous n’avions pas le temps pour cela, alors il a fallu s’adapter. Encore une très belle journée dans l’Ariège sauvage en osmose avec Joël.
Erythrone dent de chien ou Satyrion rouge
La vallée supérieure bien en amont de l'étand de Peyregrand
Autre vue sur le pic de l'Etang Blaou
Gros plan sur nos traces éphémères
Tout proche de l'étang de Peyregrand (photo Joël)
Etang de Peyregrand vu vers l'aval
Trace du jour :
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 11h15 pour 27,1 km à 2,4 km/h
Dénivelé positif total : 1698 m – Autant en négatif
Point culminant : 2661m
Autres propositions dans ce secteur :
Pic des Redouneilles depuis le Bouychet
Pic du Pas du Bouc depuis le Bouychet
Pic de Besalí et Pic de Font Blanca par l’arête Sud, depuis le Bouychet
Pic du Port ou Pic de Font Blanca depuis le Bouychet
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