Rando dans les Pyrénées en toute simplicité

Rando dans les Pyrénées en toute simplicité

Pico de Tempestades, Pico de Margalide et Pico de Russell depuis le refuge Cap de Llauset

24/06/2023 – Jour 1  : Conangles – GR11 – Collada de los Ibones ou dels Estanyets (2521m) – Refugio Cap de Llauset (2425m)

 

A l’est du pic d’Aneto, la crête principale est coupée par la profonde brèche des Tempêtes, difficile d’accès, puis s’élève à nouveau pour former trois pics assez bien individualisés qui possèdent tous une face nord verticale de 200 à 300 mètres : le pic des Tempêtes (3290m), le pic Margalide (3241m) et le pic Russell (3207m). Ces pics dominent de plus de 1000 mètres la belle vallée de Llosas. Le pic des Tempêtes est la montagne suivante la plus importante qui apparait au SE de l’Aneto. Le pic des Tempêtes a été gravi par le comte Russell dans sa seconde tentative, après avoir été frustré de ne pas accéder à l’Aneto par l’Est. Son nom fait référence au mauvais temps dont il souffrit durant cette journée de 1877 avec Célestin Passet. Le pic Margalide fut gravi par Louis Le Bondidier et le guide Sansuc en 1905. Margalide était l’épouse de Le Bondidier, et elle participa le lendemain de la première, donc la seconde ascension du pic, qui à présent porte son nom. Cette cime fut longtemps considérée comme secondaire, si bien qu’elle n’apparaissait sur aucune carte jusqu’en 1928. Quand au pic Russell, il porte le nom du célèbre Pyrénéiste qui aurait conquis ce pic en 1865 en cherchant à gravir l’Aneto par le vallon de Riueño, qu’emprunte actuellement le GR11. Russell l’avait baptisé le Petit Aneto, mais ce fut son ami Packe qui le renomma à partir de l’édition de sa carte des Monts-Maudits. C’est donc vers l’un de ces sommets que je pars à la découverte.

Départ de Conangles à la sortie du tunnel de Vielha à 13h30 en suivant le GR11, jusqu’au barrage de Baserca. Le sentier est ombragé et descend parallèlement à la route. Traverser la route nationale et s’engager dans le barranco Riueño qu’il faut alors remonter jusqu’au refuge Cap de Llauset. Le sentier est toujours à l’ombre d’un épais couvert forestier, bien agréable par ce jour de forte chaleur. Cette portion d’itinéraire dénivèle faiblement jusqu’au croisement des vallées de Riueño et de Salenques.

 

Refugi Cap de Llauset 4h10 depuis le barrage de Baserca

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Entrée de la vallée de Riueño
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Sentier rafraichissant
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La prise de dénivelé se fait à cet instant, et sous le soleil, mais la vue s’est ouverte sur un paysage si beau qu’il fait vite oublier l’inclinaison de la pente. Cette partie supérieure est également richement fleurie, pour le plus grand plaisir des yeux. La montée brutale se termine en arrivant sur le grand plateau lacustre d’Anglios, où je parviens au refuge libre à 16 heures, pour 2h30. L’endroit est superbe et je suis très surpris de ne pas y trouver du bétail. A cet instant, il reste encore 300 mètres de dénivelé pour franchir la Collada de los Ibones ou dels Estanyets.

 

Tuca Feixán

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De dos plein Est la vallée de Besiberri
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Gros plan sur la face ouest du Besiberri Nord
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Bouquet de Trolles d'Europe
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Lis de Saint Bruno
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La belle saison du rhododendron
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La montée finale est plutôt agréable, car l’on découvre en permanence un nouvel étang. Je ne regrette vraiment pas cette découverte dont on pourrait se priver si l’on se gare au niveau du barrage de Llauset, à quelques 2200 mètres. Une fois le col franchi, courte descente pour arriver au refuge de Cap de Llauset. Je termine cette première journée à 17h20, pour un total de 3h50.Au premier abord, ce bâtiment métallique ressemble à une boite de conserve très moche, mais une fois à l’intérieur, le bois donne un aspect chaleureux et le luxe est la norme. Chambre de 6 personnes avec douche et WC privatif, y una comida riquísima para chuparse los dedos.

 

Estany Gran et refuge d'Anglios vu vers l'amont

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Estany del Mig vu vers l'aval
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Depuis l'estany de l'Ubaga, il faut encore compter 1 heure pour la collada dels Estanyets
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Droit devant la collada dels Estanyets
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Estany del Mig
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Le refuge d'Anglios parait tout proche du Besiberri Nord
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Estany de l'Ubaga et Pico del Cap de Riueño
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Collada de los Ibones ou dels Estanyets en point de mire
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L'ensemble des étangs d'Anglios vus depuis la collada dels Estanyets
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Ça descend à présent
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Estany de Cap de Llauset
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Le refuge apparait au dernier moment sur la gauche
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Trace du jour :

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Les chiffres de la journée :

Temps de marche total 3h50 pour 10,75 km à 2,8 km/h

Dénivelé positif total : 1100 m – Dénivelé négatif total : 230 m

Point culminant : 2521m

 

25/06/2023 – Jour 2 : Refugio Cap de Llauset (2425m) – Collada de Vallibierna (2729m) – Collada de los Sarrios (2661m) – Pico de Tempestades (3290m) – Pico de Margalide (3251m) – Pico de Russell (3207m) – aller/retour

 

Belle journée météo annoncée, il ne me reste plus qu’à concrétiser par une ascension ou deux. Je quitte le refuge à 5h55, alors que la température dépasse les 12°C, direction la collada de Vallibierna. Les panneaux indiquent une heure d’ascension, et le terrain caillouteux ainsi que l’inclinaison terminale de la pente ne permettent pas de faire beaucoup mieux. J’y parviens à 6h40, mais l’objectif du jour n’est pas encore visible depuis ce col. Il faut aller exactement en face, à la collada de los Sarrios, mais séparée par la cuvette de l’ibón alto de Vallibierna.

 

Refuge et Estany del Cap de Llauset

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Collada de los Sarrios où aller, et l'itinéraire que j'ai suivi
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Plein Ouest le massif des Posets
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N’ayant pas envie de perdre trop de dénivelé et devoir le reprendre aussitôt dans un éboulis qui a l’air très vertical, je vais opérer un contournement sur le flanc droit. Visuellement cela semble passer partout jusqu’à l’approche du col où j’improviserai. Ma lecture de terrain est la bonne puisque je trouve des cairns qui signalisent ce contournement presque de niveau. Pas de grosses difficultés si ce n’est qu’à l’approche du col, à vouloir rester trop haut, je m’enferme dans de nombreuses barres rocheuses qui imposent de marcher sur de fines vires, et de toujours prendre de la hauteur par de courtes cheminées herbeuses. Il est trop tard pour faire demi-tour, il faut insister. La dernière cheminée sort exactement sur le large col, un peu à droite du point bas. Parfait, les choses sérieuses peuvent commencer. Me voilà à 7h30 face à l’objectif maintenant visible.

 

Le cheminement emprunté

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Los ibones de Vallibierna
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C'est droit devant que ça se passe
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Gros plan sur le Pic des Tempêtes
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Il s’agit à présent de remonter un champ de blocs de granite, un terrain décomposé qui garde les stigmates d’un très lointain glacier. Le cheminement consiste à contourner la base de l’aiguille SW du pic Russell, tout en mettant le cap vers le nord. Dans la partie basse, les névés glacés sont à éviter, mais ils sont trop peu nombreux pour faire encore usage des crampons. Sous les 2900 mètres, la neige est continue et les crampons deviennent indispensables, même plus efficaces que de marcher de bloc en bloc. Pause cramponnage donc à 8h30 [2h35]. La partie terminale est très inclinée, digne d’un couloir. Mes crampons ne tiennent pas solidement sur des chaussures dont la semelle est trop souple. Plusieurs arrêts seront nécessaires pour refixer mes pointes capricieuses. Les derniers pas menant à la cime sont sec de neige, un final en rocher, et me voilà à 3290 mètres sur le pic des Tempêtes ou Tempestades. Une ascension en 3h15 effective, quel pied !

 

La Tuca de Vallibierna prend la lumière et l'essentiel des randonneurs

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Collada de Vallibierna d'où je viens
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C'est simple, c'est tout droit !
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La neige glacée sera la bien venue
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Vue sur ma droite à la montée
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Un tour d’horizon s’impose pour découvrir un paysage local que je connais si peu. Le proche Pic d’Aneto, toit des Pyrénées est vraiment impressionnant, bien plus que sa voie normale nord. Le gravir par l’arête des Tempêtes doit avoir une saveur particulière. J’observe la crête allant au pic de Margalide, et elle fait peur par son côté obscur, ses aiguilles qui défient le ciel, et sa paroi nord abyssale. Mais je trouve un cairn qui indique comment s’y rendre, rassurant donc. Quelques gros plans sur des sommets emblématiques, et je me remets en action à 9h55.

 

Pic d'Aneto au bout de l'arête

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La sombre arête allant au pico de Margalide et pico de Russell en second plan
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Tuca de Vallibierna et El Turbón dans le fond
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Gros plan sur El Turbón
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Vers l'ouest, le massif des Posets à droite et Cotiella à gauche
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Gros plan sur le Cotiella
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Loin vers l'Ouest le massif du Vignemale et la Pique Longue
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Au Nord/Ouest le pic de Néouvielle
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Vers le Nord/Est

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Plan large vers le N/E
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Etonnante forêt de sommets vers l'Est où l'on reconnaitra le Montardo et le Besiberri Nord
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Loin entre Couserans et Catalogne

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Gros plan sur le pic de Moredo où j'étais il y a 7 jours
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Pico de Aneto et Espalda de Aneto
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L’arête n’est pas si terrible, et l’on trouve toujours de très bons évitements sur la droite versant sud. Il faut résister à l’envie de quitter le fil, car, bien que quelques dièdres soient très impressionnants, cela passe toujours très bien tout le long. Mais cela monte et descend, et à plus de 3200 mètres, cet exercice demande quand même un peu de souffle. C’est certainement la portion d’arête la plus facile entre le Russell et le pic des Tempêtes. Il aurait été regrettable de ne pas la pratiquer. Je parviens au second sommet à 10h30, en 3h45. Arrive au même moment une cordée en provenance de l’arête des Salenques, qui espère gravir le pic d’Aneto par l’arête des Tempêtes, la voie royale. Nous nous saluons, et chacun suivra son chemin. 15 minutes d’arrêt et je repars à 10h45.

 

L'arête presque civilisée
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Gros plan sur le Pico de Russell et le couloir N/O

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Dans l'arête
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Un pas chaotique

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Ce dièdre proche du sommet s'évite sur sa droite
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Pico de Russell toujours visible dans l'arête
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Vue dans le rétroviseur
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Cime du Pico de Margalide
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La jonction entre la crête des Salenques et le pico de Margalide
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La crête menant au pico de Russell
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Je vise à présent le pic Russell ou Pico de Russell, mais pour cela, il faut descendre de l’arête. Le terrain est médiocre, une sorte de faux couloir, mais le passage est balisé de cairns. Je croise un couple qui monte, nous nous évitons soigneusement pour ne risquer une pierre maladroitement lancée dans le vide, et je pose pied à nouveau sur la neige. Les crampons vont servir à nouveau pour traverser en sécurité sous la paroi du Pic Russell. Il faut être attentif à prendre une vire qui entre dans le couloir N/O, et ne pas aller chercher le couloir à sa base. La vire est signalée par des cairns. Deux hommes descendent le couloir, ce qui me permet d’anticiper sur les passages complexes à venir. Dans le couloir, j’engage la conversation avec l’un des espagnols qui parle un peu français et qui m’indique à propos d’un gros névé sous un bloc coincé : « Mucho cuidado, il ne faut pas ‘pisar’ la neige ». c’est clair, interdiction de marcher sur le névé congelé. Je l’évite sur la rive gauche du couloir par quelques pas d’escalade dont je ne saurais donner le grade, mais il faut sans cesse mettre les mains. La partie haute du névé se trouve au niveau d’un bloc coincé. Sous le bloc une source coule, quelle bénédiction, j’avais tant soif. J’évite le bloc coincé par sa droite, donc toujours rive gauche et la sortie du couloir qui paraissait si verticale de loin, n’est en fait que de la randonnée. Il reste encore dix minutes sur un plateau couvert de blocs fracturés et voilà le 3ième sommet atteint à 11h50, le tout en 4h55. Repas bien mérité, je manque de lucidité.

 

Nouvelle vue sur le pic des Tempêtes et l'arête vers le Margalide

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Couloir N/O

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L'itinéraire à suivre, la vire à ne pas manquer
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La vire qui donne l'entrée dans le couloir N/O
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Le couloir N/O dans sa longueur
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Passage très incliné du névé
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Sous le bloc coincé
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Sortie du couloir proche du point culminant
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Un nouveau panorama se dévoile, où le Vignemale a disparu, mais le Monte Perdido émerge sur la gauche des Posets. Le pic Perdiguère fait également son apparition vers l’ouest. Et sur une perspective étonnante, le Turbón avec ses 2492 mètres, semblent écraser les 3059 mètres du Vallibierna.

 

Vue vers le Sud

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Le Turbón en second plan semble dominer le Vallibierna au premier plan
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Vue sur la vallée de Salanques

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Vue vers l'ouest

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Gros plan sur le pic Perdiguère
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Gros plan sur le Posets et sur sa gauche le Mont Perdu
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Gros plan sur le Mont Perdu ou Monte Perdido
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Gros plan sur le pic de la Mine

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Vers l'Est premier plan le Montardo, au second plan la Pique d'Estats
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La crête des Besiberris
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Gros plan sur la Punta Alta
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Tuc de Molières tout plat

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Pic de Serre Haute à gauche, Maubermé à droite
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Le temps de la pause, un groupe de 4 jeunes adultes espagnols arrive sans sac, fume une cigarette et reparte pratiquement aussitôt. Je n’ai pas demandé d’où ils arrivaient, mais ils semblaient à l’aise sans connaitre la moindre cime environnante. De mon côté, je ne me sens pas confiant pour le retour par le couloir N/O, alors j’envisage une boucle hasardeuse par un couloir S/E. Je trouve en effet un couloir qui ne ressemble à rien de praticable tellement c’est croulant. Je me lance à 12h20. Pas un cairn, aucun indice pour confirmer que ce n’est pas une erreur. Mais je veux tellement me convaincre que je suis dans le vrai que mes yeux imaginent voir des cairns qui n’existent pas. Pourtant je trouve une boite de conserve entièrement rouillée, puis plus bas un tesson de verre de fond de bouteille. Il faut désescalader en permanence et l’équilibre est précaire. J’insiste dans cette impasse jusqu’à l’évidence : il y a une falaise totalement verticale. Demi-tour. Je viens de perdre 100 mètres de dénivelé et beaucoup de temps inutilement. Nouveau passage au sommet puis retour par le couloir N/O. Ce que j’ai monté en escalade, il faut le descendre à l’envers, je sais faire, finalement ça ne dépasse pas le III. Une fois la vire retrouvée, je pose une nouvelle fois les pieds sur la neige, mais elle est molle et ne nécessite plus l’usage des crampons. Retour efficace à la Collada de los Sarrios à 14h40, et déjà 6h55 que j’arpente ces montagnes.  Je m’accorde 10 minutes de pause ; il reste encore un col.

 

Pente à ne pas emprunter vers le Vall des Salenques
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Couloir N/O
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Retour à la collada de los Sarrios

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Regard sur le Pico des Tempestades
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Collada de Vallibierna vue depuis la collada de los Sarrios
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Cette fois-ci plus de fantaisie et je descends ce col par son itinéraire logique, même si cela imposera un peu plus de dénivelé positif à remonter derrière. Une légère sente marque l’itinéraire. Il n’est même pas nécessaire de faire la jonction avec le GR11 au niveau de l’étang, et il est possible de rester plus haut facilement. Une fois la jonction établie, suivre les balises rouges et blanches du GR. Collada de Vallibierna à 15h40 [7h45], puis refuge à 16h22 en 8h28. Une bien belle journée s’achève, complète avec du crampon, du rocher, une arête, des étangs et des sentiers, pour 3 sommets majeurs du massif le plus haut des Pyrénées.

 

Ibón alto de Vallibierna
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Estany de Cap de Llauset vu depuis la collada de Vallibierna
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Trace du jour :

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Les chiffres de la journée :

Temps de marche total 8h28 pour 12 km à 1,4 km/h

Dénivelé positif total : 1500 m – Autant en négatif

Point culminant : 3290m

 

26/06/2023 – Jour 3  : Refugio Cap de Llauset – Collada dels Estanyets (2524m) – Col 2676m – Estany Nègre – Vall de Salenques – GR11 – Conangles

 

Le programme du jour est le retour en fond de vallée. Afin d’avoir un aperçu plus complet de la région, j’envisage un passage par la vallée des Salenques. Attention, orages en prévisions dès 14 heures. Je quitte le refuge à 7h10 en direction de la collada de los ibones ; il ne me faudra que 15 minutes pour l’atteindre. Je pars ensuite sur ma gauche en suivant le balisage du GR11.5, une variante de la Senda. Le sentier passe sur le flanc ouest de la Tuca de Anglios ; je le suis jusqu’au col 2676m. Il est 7h50, une petite grimpette de 45 minutes. Ce sera le point culminant du jour. En parvenant au col, surgit brusquement le pic Russell et le couloir S/E, celui de la voie normale.

 

Collada dels Estanyets plein centre, Pic de la Solana de Llauset, Pic de la Solana d'Anglios à gauche

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Au revoir au refuge
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Estany de Cap de Llauset vu depuis la collada dels Estanyets
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¡Papel de identidad por favor!
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Flaque d'eau sous le col 2676
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Pic Russell versant S/E
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Gros plan sur El Pico de Russell et le couloir S/E
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Estany Nègre vu depuis le col 2676
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Face au nord se trouve le vallon des Salenques, à mes pieds l’estany Nègre. J’analyse la carte attentivement afin de chercher un passage. La "Carta Alpina" locale indique qu’il y a un passage en aval de l’étang. Je m’engage alors sur le colossal pierrier qui enchâsse l’étang Noir le bien nommé. Le terrain est croulant, cela manque de stabilité, pieds sûr recommandés. Il faut éviter par l’amont une barre rocheuse, puis pousser la marche au mieux, à vue, jusqu’à la pointe orientale de l’étang, où se trouve une station météo. L’endroit est totalement inhospitalier, très typé haute montagne. Je ne me lasse pas d’observer le vertical versant S/E du Pic Russell.

 

Reflets du pic Russell dans l'estany Nègre

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Versant Sud du Tuc de Molières
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Estany Nègre vu depuis l'aval
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Pas de sente, pas de cairn, le terrain ne correspond pas avec la carte. Je vois le prochain objectif, une cabane et de petits étangs, mais pas de sentier. L’environnement est fait de dalles inclinées et de pelouses. Cela passe à peu près partout avec un peu de lecture de terrain. Un cours d’eau s’échappe en sous-terrain de l’estany Nègre mais il ne figure pas sur la carte. Je me dis que lorsque je serais parvenu à la cabane, il y aura un sentier et que les ennuis seront terminés. Il est alors 9 heures [1h50] lorsque je me trouve proche de la cabane au bord de l’eau. J’en profite pour faire le plein d’eau potable, faire le point sur la suite à prendre.

 

La cabane à atteindre face au Tuc de Molières

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Il y a un cairn proche de la cabane privatisée, puis un autre bien plus loin. Il faut suivre le cours d’eau issu des ibones de Salenques, mais ce dernier se divise en de nombreuses branches pour arroser tout ce versant de montagne. Les cairns sont rares, très discrets à tel point que je vais les perdre. Le cours d’eau finit par tomber en cascade, il faut alors aller chercher un couloir plus à l’est. Je pense que ce couloir est l’unique passage possible à cet endroit pour connecter le vallon des Salenques à celui des Ibones de Salenques. Le couloir est très court et pour une fois pas complexe. Me voilà à 10 heures après 2h35, parvenu sur le vallon principal des Salenques, à 2060 mètres. Nouvelle pause afin de profiter de l’endroit totalement solitaire. Je pense qu’à présent il va y avoir un beau sentier et que la descente sera brève. Quelle naïveté !

 

Le torrent va de terrasse en terrasse

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Beaucoup d'eau pourtant proche de la source
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Unique couloir pour arriver sur le plancher du Vall de Salenques
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La carte indique qu’il faut marcher majoritairement rive gauche, sauf à quelques rares exceptions. J’engage la descente du vallon des Salenques mais je constate vite qu’il n’y a pas de sente, pas une balise, pas un cairn. A voir la hauteur d’herbe, aucun bétail ne monte jusque là, pas même les isards. Mais qu’est-ce que c’est que cette vallée suspendue ? Plus je descends et plus le torrent prend de la force, il gronde, il semble indomptable ; le débit d’eau à cette altitude est remarquable. Puis les pelouses laissent place à des passages rocheux où les parois sud du Tuc Feixan semblent s’être effondrées pour former des verrous. Voilà le retour des cairns dans ce passage étroit où il n’y a finalement pas de quoi se perdre. Je comprends alors que du bétail ne pourrait pas franchir ces trop nombreux passages en roche où il faut sans cesse mettre les mains. Soudain, le torrent sauvage disparait, plus une goutte d’eau dans le lit, il a trouvé un accès en sous-terrain. Un réel sentier apparait alors à l’approche de la forêt. Il fait un détour loin du cours d’eau qui resurgira en formant un barranco. Je croise pour la seconde fois une vipère prenant un bain de soleil. Nous nous saluons respectueusement, et chacun suit sa route. Je me retrouve au croisement du GR11 à 11h30, après 4 heures de marche. Deux choix possibles à cet instant, mais je préfère aller au plus simple à présent, en reprenant le tranquille GR11.

 

Partie supérieur du Vall de Salenques

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Au loin le Pic Russell
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Le canyon à la base de la vallée

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Deux choix possibles pour le barrage, je prendrai à gauche
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Solide passerelle pour enjamber le Riueño
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Le panneau au croisement au niveau de la passerelle annonce 4,5km en 1h25. Hors de question de mettre autant de temps, alors j’allonge le pas. Le sentier est ombragé, très agréable pour « accélérer ». Puis l’on retrouve le barrage de Baserca où il faut encore remonter jusqu’à Conangles. Fin de la journée à 12h25, le tout en 4h55, et en ayant évité la pluie qui se prépare de toute évidence. J’ai gagné 30 minutes sur le temps estimatif. La vallée des Salenques est certainement l’une des plus sauvages qu’il m’est été donné de découvrir, un lieu de solitude absolu, à ne pas recommander quand on veut gagner du temps. Les chiffres de cette demi-journée ne reflètent absolument pas la pénibilité imposée par les difficultés du terrain. Ce serait une erreur que de penser que les 1246 mètres de dénivelé qui séparent le point de départ depuis Conangles au refuge de Cap de Llauset soient une formalité.

 

1h25 annoncées, je mettrai 30 minutes de moinsDSC00602.JPG

 

Trace du jour :

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Les chiffres de la journée :

Temps de marche total 4h55 pour 13,3 km à 2,7 km/h

Dénivelé positif total : 413 m – Dénivelé négatif total : 1246 m

Point culminant : 2676 m



29/06/2023
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