Rando dans les Pyrénées en toute simplicité

Rando dans les Pyrénées en toute simplicité

Enchainement des sommets majeurs du massif du Canigou

01/06/2019 : Chapelle de Saint Guillem – Col Baixó (1472m) – Les Troncasses – Puig de Gallinás (2029m) – Puig Rotja (2724m) – Porteille de Tres Vents – Gourgs de Cadi – Plans de Cadí – Quazémi de Dalt (2721m) – Pic du Canigou (2784m) – Portella de Vallmanya – Pic Barbet (2712m) – Portella de Vallmanya – Puig Sec (2665m) – Puig del Roc Nègre (2714m) – Porteille de Léca – Puig dels Tres Vents (2731m) – Tres Vents d’Avall (2183m) – col de roque Coucoulère – chapelle de Saint Guillem

 

J’ai tellement parcouru le massif du Canigou, que je cherchais un nouvel itinéraire pour être émerveillé à nouveau, comme à la première fois. J’ai imaginé alors un tracé estival et aérien, regroupant les principales cimes du massif, comme autant de joyaux qui composent cette couronne alpestre. Cette couronne est composée de 6 joyaux, tous avec leur spécificité propre. Il y a 6 sommets de plus de 2700 mètres. Nous partons pour les gravir tous, en un seul parcours. Plus qu’un périple ou un raid, c’est avant tout une ode au massif du Canigou. Natif de la vallée du Vallespir, c’est donc par ce versant Sud du massif que l’on va aborder cette boucle. Tout naturellement, mon fidèle et infaillible frérot, Yannick, se joint à moi. Deux formidables larrons, Joël et Sébastien, seront également de la partie. Sébastien, ami d’enfance, cela faisait plus de 25 ans que nous nous étions vus.

Le départ est donné aux premières lueurs de jour à 5h47, depuis la chapelle de Saint Guillem, dans la haute vallée de la Coumelade. La piste qui y mène est totalement détruite. Nous suivons la piste balisée tour du Canigou jusqu’au Coll Baixó. Nous la poursuivons sur la droite, en quittant le balisage, jusqu’à atteindre des barrières à bestiaux. Il est 6h31 [41min], nous empruntons un sentier sur la gauche.

 

Sur la piste du col Baixó

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6h30 et le Puig dels Tres Vents est déjà au soleil
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Le sentier, parfaitement entretenu, s’élève doucement jusqu’à rencontrer des ouvrages en pierres. C’est à cet instant que nous le quittons, pour partir droit dans la pente en hors sentier. Ce ne fut pas la meilleure idée, car le terrain ne permet pas d’évoluer facilement. Je recommande de poursuivre le sentier jusqu’au col de Serre Vernet, car on ne doit pas être gagnant en temps, au final. Il faut s’élever au mieux jusqu’à rattraper la crête à partir du puig Gallinás. Il ne reste plus qu’à la suivre intégralement. Aucune difficulté n’entrave l’ascension, jusqu’à trouver un court passage encombré de blocs, juste après la Montagne Rase. Puis le final de la crête se termine par une succession de courtes bosses avec deux cimes d’égales altitudes. Il est 9h26 quand nous parvenons sur les 2724 mètres du Puig Rotja. Nous venons d'avaler 1400 mètres de dénivelé positif en 3h18.

 

Le verdoyant Vallespir où la vue s'étend jusqu'à la baie de Rosas

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De G à D Puig Rotja et Puig dels Tres Vents encadrant la haute vallée de la Coumelade
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La crête à suivre est au soleil, la crête du retour est à l'ombre
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Vue vers l'Ouest sur le Costabonne
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La mer scintille à l'horizon
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Sommet du Puig Rotja
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Que le panorama est impressionnant ! Sur 360 degrés, il n’y a rien à jeter. Après la pause contemplative, nous poursuivons alors jusqu’à la porteille de Tres Vents. Pour mettre le cap sur le pic du Canigou, il faut alors changer de vallée. Afin de perdre le moins de dénivelé possible, nous profitons d’un couloir encore en neige, pour rattraper facilement l’étage supérieur des petits étangs du Cadi. Comme il est 10h45, nous décidons d’un commun accord de prendre un premier repas sur place. C’est le seul moment de la journée où nous trouverons de l’eau courante. Déjà 4h20 que l’on marche.

 

Panorama sur l'ensemble des sommets à gravir

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De G à D, Quazémi de Dalt, Pic du Canigou, Pic du Barbet, Puig Sec
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Versant Sud du Tres Vents et Roc Nègre au second plan

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Puig Rotja et porteille dels Tres Vents

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De G à D, Puig Sec et Roc Nègre

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Descente humide sur les gourgs du Cadí
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Versant Sud du Canigou vu depuis le Pic des Gourgs
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Descente très hivernale
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Anémones pulsatiles
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Gourgs supérieur face au Canigou
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Cette halte nécessaire nous permet de repartir, à 11h20, plus en forme que jamais, et surtout, avec les gourdes pleines d’eau fraîche. Le sommet suivant qui nous attend ne possède pas de sentier, il va falloir l’aborder de manière frontale. Il s’agit du Quazémi de Dalt, bien connu pour être le point de départ de l’arête alpine. On coupe l’itinéraire classique du Canigou, où de nombreux randonneurs en baskets s’apprêtent à monter dans la cheminée. Cela étonne toujours quand on ne suit pas le troupeau ! Nous effectuons une montée rude, implacable, sans le moindre répit. Cette ascension en hors sentier est un authentique moment d’anthologie. Nous foulons la seconde cime du jour à 12h40, après 5h27. Voilà déjà 1830 mètres de dénivelé positif cumulés. Cela n’entame en rien l’enthousiasme général.

 

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Gourg inférieur
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Pic du Canigou et Pic Barbet séparés par la brèche Durier
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Vue vers le Sud depuis le sommet du Quazémi de Dalt

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Arête Quazémi
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La joyeuse équipe
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C’est toujours un moment particulier d’admirer cette belle arête qui relie le sommet principal du massif, comme un fil dans les airs. N’étant pas équipés pour la parcourir, il faut trouver un autre itinéraire pour se rendre au Canigou. Il est totalement exclu de passer par le versant Nord des Conques, encore encombré de neige, et totalement lacéré de barres rocheuses. Nous validons la descente directe depuis le sommet, dans une pente enneigée du versant Sud, afin de passer sous l’arête Quazémi. A l’heure où nous l’abordons, cette descente ne présente aucun danger, avec le piolet à la main. Puis nous remontons en ligne droite jusqu’à la brèche Durier. Nous croisons à nouveau les randonneurs sur cette partie terminale. La cheminée n’est qu’une formalité, et nous voilà rendus à 13h58 sur le point culminant du massif, le pic du Canigou [6h16]. Malgré le monde au sommet, on ne se bouscule pas. La vue est somptueuse. Le regard embrasse sur 360 degrés un paysage qui s’étire sur plus de 200 km d’Est en Ouest. C’est l’heure de profiter de la visibilité exceptionnelle.

 

La célèbre cheminée

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Quazémi de Dalt vu durant la montée dans la cheminée
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La Cumbre !
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Etang de l'Estagnol et refuge des Cortalets

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14h30, retour dans la cheminée, alors qu’une multitude de randonneurs se pressent pour monter. Et dire que l’été n’a pas encore commencé ! Encore 3 nouveaux sommets à gravir et nous aurons réussi notre pari. Le suivant, le pic Barbet est une formalité. Depuis le bas de la cheminée, il n’est pas nécessaire d’aller chercher la porteille de Vallmanya, on peut aller chercher directement la crête facile, pour se rendre sur cette cime délaissée du massif. En effet, en plus de 30 ans que je parcours cette montagne, je n’avais jamais eu la curiosité d’aller sur son faîte. 15h04, sommet du Barbet et 6h50 que l’on arpente la montagne. Nous prendrons le second repas du jour sur place.

 

Profil intéressant du Canigou vu depuis le pic du Barbet
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Panorama sur le Quazémi de Dalt et pic du Canigou

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L'antique glacier du Canigou

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La raison nous pousse à repartir bien vite, car la partie la plus technique se trouve encore à venir. Alors à 15h43, nous plongeons sur la porteille de Vallmanya et d’un rebond, nous gravissons un sommet bonus : le Puig Sec. Avec ses 2665 mètres, il ne figure pourtant pas dans la couronne royale, mais comme il est sur notre itinéraire, nous l’avons mis également sous nos pas.

 

Vue en arrière depuis la cime du Puig Sec
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La crête qui sépare le Puig Sec du Roc Négre est la portion la plus technique de cette boucle. C’est totalement à proscrire pour celui qui est sujet au vertige. L’usage des mains est permanent ; on atteint les limites de la randonnée, on flirte avec celle de l’alpinisme. On trouve néanmoins de très anciennes traces rouges, pour se frayer le meilleur passage possible. Joël connait parfaitement, il assure sans faille le guidage, pour éviter de perdre du temps. On pose les pieds sur les dalles par la partie la plus à gauche. Ça passe facilement bien, cela n’excède jamais le III sup. Mais l’ascension est longue et lente. La fatigue commence à me gagner. Heureusement, il y a toujours un moyen d’éviter les difficultés techniques par quelques échappatoires. A 17h48, les 2714 mètres de la cime du Roc Négre sont gravis, après 8h36. Le brouillard vient masquer partiellement la vue sur les Molleres Llarges et la vue plongeante sur le balcon du Canigou. C’est fantastique de voir de plus haut, les gourgs du Cadi où nous avons mangé quelques heures plus tôt. La journée n’est pas terminée, mais elle nous a déjà comblé. Le champ lexical du jour n’est fait que d’émerveillement, et de superlatif. Comme l’a chanté Jean Ferrat : « Mon Dieu, que la montagne est belle ».

 

En descendant vers le col 2509m
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Les dalles du Roc Nègre droit devant
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Les dalles du Roc Nègre, le point clé
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Passage dans les dalles

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Le pic du Canigou vu depuis la cime du Roc Nègre
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La cime du Roc Nègre
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Les ultimes pas menant au Roc Nègre
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Cime du Roc Nègre avec au fond la face Nord du Puig dels Tres Vents
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A présent, une course contre la montre est lancée face au soleil qui décline. Le but est d’arriver avant la nuit, au parking. Nous ne trainons pas, et engageons la marche vers l’ultime cime du jour. Joël assure toujours le guidage pour se rendre à la porteille de Léca. Bien que la crête soit jonchée de blocs, il n’y a pas de difficulté pour évoluer dans ce dédale. Les plus jeunes cavalent en tête, et le sommet du Tres Vents est gravi avant même que nous ayons eu le temps de réaliser que cela fait plus de 9 heures que l’on marche, 9h36 exactement. Il est 18h50 quand nous posons le pied à nouveau à plus de 2700 mètres. Il n’aura fallu qu’une heure pour se rendre du Roc Négre au Puig dels Tres Vents. Nous venons d’enchainer tous les sommets de plus de 2700 mètres du massif du Canigou. La satisfaction est totale, d’autant que le beau temps ne nous aura pas quittés.

 

Descente aérienne sur la porteille de Léca
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La vue d'où nous venons - au premier plan la face Sud du Roc Nègre
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Puig Rotja vu depuis le sommet du Tres Vents
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2731m, sommet du Tres Vents
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A présent, il ne reste plus qu’à perdre 1400 mètres, une paille ! Il s’agit de suivre la longue crête. Dans la partie supérieure, de nombreux blocs de granite composent la crête, mais rapidement la pelouse occupe le terrain, accélérant ainsi la descente. Afin de gagner un peu de temps, il s’agit de suivre une clôture, qui mène directement sur le sentier du tour du Canigou. Il reste encore un bout de sentier qui, au col de Roque Coucoulère, annonce le parking à 3,1km pour 1h15. Ce temps est inconcevable pour Yannick et Sébastien, alors nous accélérons le pas jusqu’à faire de petites foulées. Visiblement, la journée n’a pas été assez longue pour les plus jeunes. Cela nous permet de refermer la boucle à 21h12. On conclut ainsi cette journée exceptionnelle en 11h42, et comme un symbole, avec 2714 mètres de dénivelé, soit exactement l’altitude du Roc Négre. Chacun a apporté sa contribution à la réussite d’une telle journée, et je vous en remercie. Et pour conclure, je citerai ces quelques mots qui illustrent bien notre état d’esprit : « Par l’endurance, nous conquérons » Sir Ernest Shackleton.

 

La longue crête à suivre, quelle vue, mais quelle vue !
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Soleil couchant sur le Puig Rotja
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Tracé du jour sur carte IGN 1/25000

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Les chiffres de la journée :

Temps de marche total 11h42 pour 29 km à 2,5 km/h

Dénivelé positif total : 2714 m – Autant en négatif

Point culminant : 2784m



03/06/2019
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