Pic Blanc et Pic Nègre d’Envalira – traversée par l’arête Nord/Sud (AD inf)
15/09/2019 : Port d’Envalira – Col Blanc – Pic Blanc d’Envalira (2724m) – Pic Nègre d’Envalira (2827m) – col entre les deux pics Nègre – piste de ski – Port d’Envalira
Le Pas de la Casa, ce n’est pas qu’une station de ski ou un temple de la consommation détaxée. C’est avant tout un ensemble de sommets à l’allure altière sur les faces Nord, offrant un large choix de couloirs et de crêtes, selon le niveau de chacun. Aujourd’hui, je vais découvrir avec l’ami Joel, une crête sombre mais tellement attirante.
Une bonne averse s’est abattue au lever du jour. Départ à 8h04 depuis le parking du Port d’Envalira. Un départ à plus de 2400 mètres d’altitude est tellement exceptionnel dans les Pyrénées, que cela mérite à être signalé. Nous suivons la crête herbeuse qui part vers le Sud. Aucune difficulté sur cette portion où l’on suit avantageusement les pistes de ski. Nous parvenons au pic Blanc d’Envalira à 8h55, en seulement 51min30. Ce pic n’est pas nommé sur toutes les cartes. L’arête commence vraiment à partir du pic Blanc.
Premier plan Pic Blanc, second plan le Pic Nègre
Gros plan sur l'arête vue de profil
L'arête vue depuis la cime du Pic Blanc
La crête descend de quelques mètres par un fil herbeux et uniforme, qui ne présente aucune difficulté. On peut voir sur la droite de nombreuses sorties de couloir du pic Blanc. La crête devient ensuite plus aérienne sans pour autant présenter de difficultés notables. La roche est encore humide de la pluie matinale, et tous les lichens sont autant de petits savons sur les rochers. La vigilance est de mise. On arrive au niveau d’une brèche où il faut désescalader sur 8 mètres un passage très aérien en III. Il y a 2 plaquettes pour un rappel, mais sans chaine. On s’encorde et je descends en toute sécurité. Joël passe en libre. Nous sommes alors au pied de la paroi Nord/Ouest du pic Nègre d’Envalira.
La partie rocheuse débute ici
Le pic Blanc d'Envalira dans notre dos
Juste avant la brèche, au pied de la face
Le passage en III que nous venons de descendre - rester sur le fil à droite de la photo
A cet instant, il reste environ 90 mètres de dénivelé sur la partie la plus verticale et la plus exposée. Depuis la brèche il faut s’élever directement sur une dalle pleine face, jusqu’à rejoindre une vire. Le passage de la dalle n’est pas protégeable. Joël passe en tête pour une première longueur en totale découverte ; roche humide, très peu d’adhérence, exposition maximale. Une fois sur la vire, il faut la suivre vers la gauche sur quelques mètres, jusqu’à trouver un couloir. Prendre pied dans le couloir et le remonter. Nous effectuons un relais en utilisant un très bon piton en place. Cela confirme que nous sommes sur la bonne voie.
Premier mur au départ de la voie verticale
Jo au relais
La seconde longueur consiste à suivre le couloir étroit. La roche est froide et toujours aussi humide. Quelques pas sont délicats à cause des appuis lisses, mais il y a toujours de bonnes mains. Le second relais se trouve sur 2 pitons sur la droite.
Ambiance très humide
Sortie du couloir
De dos, la partie la moins technique de l'arête
La troisième longueur sort du couloir jusqu’à déboucher en pleine face. Le degré de difficulté est moindre, mais il faut rester vigilant quant à la qualité de la roche toujours médiocre. Par de petites vires ascendantes de droite vers la gauche, on achève l’ascension en corde tendue. Ce fut un vrai plaisir. Le niveau technique n’est jamais extrême, juste ce qu’il faut de difficulté pour s’amuser. La voie sort exactement au sommet, pour nous à 11h16, en 2h52, soit 2 heures après le pic Blanc.
La vire terminale
Première cime culminant à 2821 mètres
La météo ne semble pas très stable, et des vagues de brouillard viennent masquer le panorama. Le pic Nègre d’Envalira est un sommet bicéphale, alors, sans plus attendre, nous enchainons vers la seconde cime. 11h34 voilà sur la seconde tête plus haute de 6 mètres. Ce sera le moment de profiter du paysage pendant qu’il en est encore possible, le temps d’un repas.
Pic Blanc et première cime vues depuis les 2827 mètres de la seconde cime
Vue sur le proche cirque des Pessons
12h24, la pluie se met à tomber, il est temps de partir. Pour aller au plus vite, nous empruntons le couloir entre les deux cimes. Le terrain est croulant, mais le sol est meuble et ne décroche jamais de pierre ; il suffit juste de se laisser glisser sur ce tapis roulant terreux. A mi-descente, la pluie cesse aussi brusquement qu’elle avait débuté, pour laisser la place définitivement au soleil. Pour nous, il n’est plus l’heure de remonter, nous allons regagner paisiblement le point de départ au plus direct. Puisque nous passons sous l’arête, c’est l’occasion de l’observer sous un angle différent, un angle qui donne encore plus de relief. Fin de la journée à 13h58, pour seulement 4h31. L’Andorre, c’est du fast-hikking et du fast-climbing.
Le couloir de retour, ça plonge sévère !
Les 2 pics de Cubill, au fond l'Alt del Griu
Le couloir descendu
L'intégralité de la crête vue versant Ouest
Très belle arête d’initiation à de l’AD, dans une ambiance haute montagne. Je pense que la partie terminale emprunte la voie hivernale « Via Terrassa ». Pour le côté sauvage, il faut oublier, car le bruit des moteurs est hélas toujours présent. Par contre pour le côté plaisir, il n’y a pas mieux. Merci Jo pour ce binôme sans faille et sans peur. A bientôt pour une prochaine !
Tracé du jour :
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 4h31 pour 8,1 km
Dénivelé positif total : 530 m – Autant en négatif
Point culminant : 2827m
A découvrir aussi
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