Périple aux Pic Péric par l'arête N/W et Pic de la Grande Porteille depuis le Fanguil
06/05/2023 : Orlu parking le Fanguil (1136m) – GR7 – cote 1433m – Jasse de Delà – Etang de la Portella Gran – Pic de la Cometa d’Espagne (2763m) – Portella Gran (2603m) – Pic Péric (2810m) – Pic de la Grande Porteille (2765m) – Col de l’homme mort (2602m) – Pic de Mortiers (2605m) – Pic de Terrers (2540m) – Col de Terrers (2407m) – jasse de Baxouillade d’en Bas – GR7 – parking le Fanguil
Cet exigeant parcours en forme de périple est une nouvelle fois librement inspiré du livre de Michel Sébastien « Randonnées dans les Pyrénées du soleil », où Michel Sébastien proposait un long périple estival incluant les sommets majeurs du secteur, menant au Pic Péric. Philippe Queinnec y a apporté une touche plus originale encore, sur la seconde moitié du parcours un jour de juillet 2011. http://philrando.free.fr/Peric.html#20110804. En faisant un assemblage des deux parcours de mes ainés, cela doit permettre de parcourir de nombreuses cimes à cheval entre le Capcir catalan et la réserve d’Orlu ariégeoise, que mon cœur de pyrénéen ne peut départager. Ces paysages aux contrastes si marqués m’ont toujours fasciné.
Départ depuis le parking du Fanguil à 5h10. Suivre le sentier en remontant le bouillonnant torrent de l’Oriège jusqu’à trouver sur la gauche après la prairie de Gaudu, une passerelle permettant de changer de rive. Alors que je traverse cette zone aux allures marécageuses, je constate que le sol est défoncé par les groins des sangliers ; tout à ma réflexion, alors que le jour se lève à peine, précisément un imposant sanglier m’observe à presque 20 mètres. Lorsque je l’aperçois enfin en l’éclairant de ma frontale, il grogne et se sauve en un galop que seul un isard aurait pu suivre. S’il avait voulu s’offrir un randonneur maladroit, c’était le jour, mais force est de constater que la faune a vraiment peur de l’homme. Puis, par un bon sentier qui s’élève efficacement en forêt, on parvient à la jasse de Delà. Il est 7h20, une montée effectuée en 2h10. Pause petit-déjeuner avant de poursuivre l’ascension à 7h37.
La prairie de Gaudu au petit jour
Pointe 2516m au Nord du Pic d'en Beys
La pointe 2516m sous un nouvel éclairage
L'étroit vallon menant à l'étang d'en Beys
Il faut ensuite remonter plein Sud le vallon de la Portella Gran. En l’absence de neige, le sentier est parfaitement visible et les cairns apparents. Le manque de neige pour ce moment de l’année, à cette altitude en versant Nord, est criant, totalement anormal. J’aime ce vallon à l’aspect très sauvage, typé très haute montagne et pourtant d’une altitude toute relative. J’ai pour objectif le pic de la Portella d’Espagne en point de mire. Afin d’éviter de passer par le col éponyme, je vise un épaulement Est du sommet. Il n’y a pas de difficulté mais la pente est très prononcée. J’accuse la fatigue accumulée il y a 6 jours lors d’un marathon. Mais le plaisir d’être là suffit à lui seul pour me hisser sur l’arête sommitale. Il est 9h30. Au sommet du Pic de la Cometa d’Espagne, l’essentiel du dénivelé est acquis, soit 1630 mètres. Mais les ondulations qui vont suivre ne sont pas à prendre à la légère. Depuis ce premier belvédère, j’observe circonspect le noir Péric. Je prends quand même 30 minutes de pause avant de me relancer.
Vue au-dessus de la jasse de Delà
La crête que je vais suivre
Pic de la Cometa d’Espagne versant Nord
Le final de l'arête se précise
Sommet du Pic de la Cometa d’Espagne face au Pic Péric
Vue plein Sud avec au premier plan la Serra de l'Orri
Vue vers le S/W
Gros plan vers le S/W
Gros plan sur le proche cirque des Peyrisses
Gros plan sur le massif Estats/Montcalm
Pic de Coma Pedrosa point culminant d'Andorre
L'obscur versant ouest du Pic Péric
Gros plan vers le N/E
J’enchaine à 10 heures direction la Portella Gran ; descente rapide où je vais jouer un peu dans les rares névés, pour tester la dureté de la neige. Elle fond très vite. Puis, en se rapprochant de l’arête Nord/Ouest, il se dessine un cheminement dans l’éboulis de la face. Il suffit de le remonter jusqu’à suivre au mieux le bord de l’arête. Le cheminement reste toujours en versant Sud. C’est assez raide, et les mains sont parfois utiles. Mon état de fatigue générale ne s’améliore pas, j’ai grand peine à me hisser alors que la difficulté est très relative. Le sommet arrive à 11h20 comme une délivrance. Il m’aura fallu 5h20 pour atteindre le point culminant de la journée, soit 1h20 depuis la cime précédente. Je suis au bord de l’évanouissement, j’ai même des vertiges. Mais je vais avoir tout le temps pour reprendre des forces et profiter du paysage.
Le sombre Pic Péric et cette arête qui semble peu fréquentable
Le vallon de la Portalla Gran
A quelques pas de la cime "Claude 24-07-2004"
Pic Péric, point culminant du jour. C’est un belvédère remarquable, pour moi le plus beau de tout le secteur, et bien qu’il ne soit pas le sommet le plus haut des environs, il n’est demeure pas moins comme une référence, par l’étendue de la vue qu’il propose sur 360°. Le vallon des Camporells, constellé d’étangs, est somptueux ; la grande retenue d’eau des Bouillouses entourée de forêts ne manque pas de charme. Le proche Carlit dépasse d’une courte tête tous les sommets environnants. Le Montcalm et l’Estats à l’Ouest sont encore bien couverts de neige. Ce n’est que la troisième fois que je gravis le Pic Péric, et je n’avais jamais réalisé que ce panorama vaut bien une heure d’admiration. J’en profite alors pour manger, tout en imaginant la suite de l’itinéraire selon mon état de forme.
Estany Blau et Puig de la Cometa d'Espagne
Au premier plan le Petit Péric
Vue sur l'altiplano du pic Mortiers
Le proche pic de la Portalla Gran, Pic de Tarbesou dans le coin à droite
Le Pic Carlit dépasse toute le monde au Sud
Estany Blau au fond et Petit Estany Blau en premier plan
Ayant retrouvé de l’énergie et de la lucidité, je me remets en marche à 12h00, laissant la cime à un couple de catalan du Sud. Retour par le même itinéraire qu’à la montée, mais avant d’engager vraiment l’arête, une vague sente se dessine dans l’éboulis en versant Ouest ; c’est sans risque et rapide, puis par une marche en dévers, je gagne aisément la côte 2607m. Le versant Sud du Pic de la Grande Porteille n’est pas si difficile ; c’est nettement mieux que le Péric si bien que ce nouveau haut sommet est vite atteint à 12h50 [6h10]. Les principales cimes sont gagnées et le reste de la journée ne doit être que de la randonnée, mais ce sera sans compter sur un raccourci, mais nous verrons cela en temps venu.
Puig de la Portella Gran et l'arête à gravir
Pic de la Cometa d’Espagne vu depuis la pente du Puig de la Portella Gran
Nouvelle vue sur le cirque des Peyrisses
Petit Péric et Pic Péric depuis le Puig de la Portalla Gran
Vue vers les Camporells, premier plan gros plan sur le Pic des Camporells comme un mimétisme avec les Pérics
Gros plan sur la star de la réserve locale
Gros plan sur le versant Est du Pic d’En Beys
La météo ne semblant pas rester au beau fixe, il faut poursuivre au plus vite si je veux avoir une chance d’éviter la pluie. En avant à présent pour gagner l’altiplano local. L’arête qui marque la frontière entre la réserve d’Orlu et le Capcir est à cet instant étroite et accidentée. Je ne cherche pas la difficulté, si bien que je plonge au plus vite dés que possible sur ma droite, pour gagner l’altiplano. C’est un couloir malcommode en l’absence de neige. Au pied du Pic de l’Homme Mort, un étang éphémère va me fournir de l’eau, pour remonter aisément sur le pic suivant. L’accès au Pic de Mortiers est cavalier en venant du Sud, si bien qu’il serait indigne de ne pas y passer. Chose faite à 13h50, pour 7 heures de marche.
Le couloir descendu depuis le Puig de la Portalla Gran
Vue sur la profonde vallée de l'Oriège
Quel artiste a bien pu façonner une telle merveille ?
Cime bien plate du Pic de Mortiers
Marche toujours vers le Nord le long de la Serra de Morters. C’est l’occasion de dominer l’étang du Diable, sorte de cratère volcanique où aucun torrent vient alimenter l’étang, et aucune eau ne s’en échappe. Je ne fais que passer sur le Pic de Terrers à 14h13, après 7h20. Je pensais que ce sommet était insignifiant, que le regard ne portait que vers l’Est, et pourtant je vois pour la première fois de la journée le majestueux Mont Valier loin à l’Ouest. C’est donc un belvédère respectable malgré une altitude modeste. Ce sera le 5ième et dernier sommet de la journée.
Regard en arrière d'où je viens
Les proches cimes en panoramique
Vue vers l'Est sur le massif de Madres, au fond à droite le massif du Canigou
Gros plan à l'ouest sur le Mont Valier
Depuis le pic de Terrers, on perd vite 60 mètres pour gagner le coll de Terrers où le sentier du tour des Pérics permettrait un retour par la jasse de Delà, mais cela rallonge la marche. J’opte pour une solution plus directe, une descente plein nord vers Baxouillade d’en bas. C’est un raccourci que j’ai déjà emprunté en plein hiver, ça passe ! Or là c’est nettement moins évident. C’est un terrain pour quadrupède, et je serai bien incapable de descendre sans l’aide de mes bâtons. C’est le type de terrain parfait pour laisser une cheville ou un genou, donc la marche est lente voire pénible. L’ultime passage en neige molle sera le moment le plus confortable. Une fois dans le creux, à l’aplomb de la portella d’Orlu, il reste encore à suivre les cairns qui déjouent les pièges du terrain.
L'image est trompeuse, il y a 400 mètres avant de toucher le fond
Rester toujours le plus à droite possible loin de la neige
Dent d'Orlu et massif de Tabe au fond
Une partie du couloir descendu
Le point de départ est au pied de la dent quelques 1000 mètres plus bas
Je ne me lasserais jamais de la voir sous tous ses angles
Le terrain reste malcommode dans ce vallon. Il ne doit pas être très emprunté, peut-être le moins parcouru de toute la réserve d’Orlu. Il faut vraiment attendre de raccorder le sentier des étangs de Baxouillade pour trouver un terrain qui permet d’avancer sereinement. Il reste encore une longue descente dans la forêt de hêtres, puis la piste terminale où le pas se délie, et déjà les images de la journée s’entremêlent. Fin de la belle boucle à 17h15, le tout en 10 heures, et sans pluie. Hormis le sanglier matinal, je n’ai croisé aucun autre quadrupède, pour une réserve de faune, c’est inquiétant.
C'est la saison des jonquilles
A 1712m sur le ruisseau de Baxouillade
Trace du jour :
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 10h00 pour 27,5 km à 2,75 km/h
Dénivelé positif total : 2250 m – Autant en négatif
Point culminant : 2810m
A découvrir aussi
- Puig de la Portella Gran – couloir NW en Y (PD sup)
- Pic d’Agnel depuis les forges d’Orlu
- Pic d’en Beys par la cheminée S/W (PD sup)
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 328 autres membres