Rando dans les Pyrénées en toute simplicité

Rando dans les Pyrénées en toute simplicité

Pic de Baxouillade par le couloir du Gypaète (AD sup)

23/01/2022 : Espousouille – vallée du Galbe – Cabane de la jasse de la Llosa – Les Bassetes – Estanys de la Porteille d’Orlu – Couloir du Gypaète (AD sup) – Pic de Baxouillade (2546m) – aller/retour

 

Préambule : Après avoir parcouru la vallée du Galbe en hiver en 2020, et découvert les nombreux couloirs du versant Sud du pic de Baxouillade, cela m’avait ouvert l’appétit pour escalader un nouveau couloir plus technique que la première fois. Mais comme cette vallée en hiver est très longue, j’ai imaginé couper l’approche avec une nuit dans la cabane de la jasse de la Llosa, idéalement placée pour cela. C’est avec Yannick que nous partons à 15h32, depuis le village d’Espousouille, pour cette première hivernale alpine 2022. Les conditions météos sont parfaites, un simple -1°C avec vent nul. Nous allons remonter la piste forestière rive gauche du Galbe. A la sortie du village, on peut chausser les raquettes ou les skis, selon l’usage de chacun. Il ne reste plus qu’à remonter en douceur la vallée.

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Le pyramidal pic de Terrers
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La neige est dure, légèrement gelée, les griffes des raquettes ne sont pas de trop. On peut constater que cet itinéraire est fortement parcouru. Nous passons au refuge de la Jaceta en 1h10. Le refuge est déjà occupé et certainement en sur capacité, alors nous poursuivons vers le haut. Le froid se fait à présent durement ressentir, nous allongeons le pas. Nous parvenons à la cabane de la jasse de la Lloda à 17h16, après 1h42.

 

Suivre les flèches
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Un étonnant îlot
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Le pic de Terrers reste l'unique sommet visible durant cette approche
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Dans notre dos le Canigou est majestueux
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Le palace où nous logerons
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Le refuge a une capacité de 3 places, or il y a déjà deux occupants. Nous serons 4 au final, il va falloir se serrer. Les 2 premiers arrivants ont dû dégager la porte pour pouvoir entrer. Ils ont passé l’après-midi sur place, car ils ont donné le signalement aux secours pour un skieur espagnol qui avait chuté et était gravement fracturé. Ils ont fait du feu, et la température du refuge montrera même jusqu’à 20°C. Ce serait un palace, s’il n’y avait pas des infiltrations d’eau par le plafond, car la toiture est totalement ensevelie par une avalanche.

 

Les chiffres de la journée :

Temps de marche total 1h42

Dénivelé positif total : 236m – Dénivelé négatif total : 3m

Point culminant : 1802m

 

Debout à 5 heures nous partons à 6h30. Bien que la température soit toujours restée négative, la neige a une qualité de portance assez médiocre. Sous un à deux centimètres de croute dure, c’est du sucre en poudre. La marche en raquettes est indispensable, mais reste un exercice physique. Nous traversons le plat humide des Bassetes sans difficulté, tant la quantité de neige est conséquente. Puis on s’élève dans la pente rive droite. Le jour se lève peu à peu laissant apparaitre un festival de couleurs fauves à l’est.

 

Le Canigou s'éclaire tout au fond270263783_361105175389027_7110912400749286058_n.jpg

 

Le Canigou s'embrase

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Belles ombres chinoises
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Cette fois le jour est bien là
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Le plat des Bassetes
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L’approche vers la face Sud du pic de Baxouillade demande à s’élever dans deux fortes pentes cap à l’Ouest, avant de bifurquer vers le Nord, sous la porteilla d’Orlu. Il ne reste alors qu’à remonter quelques bosses pour se présenter au pied des couloirs. Les conditions météo sont parfaites. C’est sous une tempête de ciel bleu que nous évoluons.

 

Enfin le pic de Baxouillade apparait

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Porteille d'Orlu plein centre
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Intégralité des couloirs de la face sud

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Les prémices d'une journée exceptionnelle
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Là où nous allons
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Couloir du Gypaète
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Après l’étang supérieur sous la porteilla d’Orlu, il reste encore une ultime rampe qu’il convient de négocier le plus à droite possible. Nous arrivons au pied des couloirs à 9h06, après une approche de 2h39. Ce temps est à prendre en considération, car c’est une face sud et le couloir prend déjà le soleil. Nous nous délestons du superflu afin de monter le plus léger possible, échangeons les raquettes et bâtons par les crampons et piolets, puis à 9h34, nous remontons le court cône de déjection.


Gros plan sur l'entrée du couloir
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Le couloir dans son intégralité
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Autre point de vue sur la partie la plus technique
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Départ du couloir
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Je n’ai aucune information sur ce qui nous attend. Et même s’il est plus que probable que ce couloir a déjà été parcouru par le passé, je n’ai trouvé aucune littérature concernant ce dernier. Je passe en tête dans une sorte de mixte où il faut jardiner plus qu’escalader. La glace est trop fine et casse très vite. Il est difficile de protéger la longueur, l’engagement est réel. Sans être à 90°, la verticalité est bien présente et il conviendra de bien tester ses appuis. La sortie de la longueur sort dans la pente de neige et le relai peu se faire sur un arbuste tout à droite. Compte tenu du degré d’exposition, il m’a été impossible de prendre des photos dans cette longueur.

 

Le couloir vu depuis la sortie de la partie mixte

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La même chose vue de dos
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Et mon second est aussi sorti d'affaire
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Heureux le frérot !P1130516.JPG

 

La suite est alors « une rampe de neige » oscillant entre 40° à 55°. C’est de la bonne grimpe, la neige est parfaitement bétonnée. Nous montons en corde tendue afin d’enchainer au plus vite. Sans difficulté aucune nous parvenons en haut du couloir où la sortie ne présente aucune corniche, ni partie mixte. Mais la course n’est pas finie pour autant. Nous sommes légèrement à l’Est du point culminant, il faut encore parcourir une arête rocheuse qui propose quelques obstacles. C’est alors qu’un gypaète barbu passe tout proche, comme pour nous saluer. Le nom du couloir vient d’être trouvé.

 

Vue vers le bas
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Vue vers le haut

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La sortie semble plus proche qu'il n'y paraît

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Yannick à la sortie
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La fenêtre s'ouvre sur l'étang du Laurenti et le Roc Blanc
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La crête à suivre
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L’arête passe partout versant sud, mais un court relai sera nécessaire pour passer un pas en III sup tellement exposé que l’usage de la corde s’impose. Nous lézarderons en ramassant du duvet de vautours sur l’arête, pour faire durer le plaisir d’être là. Le point culminant est atteint à 11h34, en 4h38. Tant d’efforts seront récompensés par une vue tous azimuts sous une tempête de ciel bleu. Néanmoins, un petit vent polaire nous pousse à perdre quelques mètres pour prendre le repas dans de bonnes conditions.

 

La sortie du couloir visible dos à Yannick, depuis le passage en III sup

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Pic de la Tribune au premier plan
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Sommet au fond
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Sommet ! "Encordé mais libre" Patrick Berhault
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Quelques clichés pour immortaliser ce paysage que l’on ne cesse pas d’apprécier. Du Mont Valier à l’ouest au Canigou à l’est en passant par la montagne Noire au nord, le regard ne sait où se fixer. Nous prendrons le temps de manger en terrasse sans besoin du pass vaccinal. La pause contemplative durera pratiquement 1h30.

 

Panorama vers le nord pendant le repas

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Pic de la Tribune et ses innombrables couloirs
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Panorama vers le Sud/Ouest

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Etang du Laurenti au fond

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L'incontournable Mont Valier
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Le massif Estats/Montcalm
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Il est 13 heures lorsque nous prenons le chemin du retour. Il faut descendre au col entre les 2 cimes du pic de Baxouillade afin d’emprunter le sentier estival. Au col, il s’agit alors de s’engager dans un couloir en déficit de neige sur la partie supérieure. Nous aurions préféré éviter ce terrain mixte délicat, mais il n’y a pas de meilleur passage. Une partie du col est d’ailleurs bouchée par une corniche massive. Puis retour à l’aire de délestage pour quitter l’équipement d’alpiniste et reprendre celui du randonneur.

 

Le col est le point bas entre les cimes

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C'est ici que ça se passe
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On passe avec prudence
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La corniche au col
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Il faut enchainer rapidement car il reste encore quelques kilomètres à parcourir. Nous suivrons pratiquement pas à pas nos traces matinales qui n’ont quasiment pas fondu. Durant tout le retour, nous ne croiserons personne, tout comme à l’aller d’ailleurs, si bien que nous aurons passé une journée « seuls » dans le paradis blanc. Fin de cette exceptionnelle journée à 17h17, pour 8h27 de marche effective. Cette vallée est un petit trésor qui ne déçoit jamais. Nous en redemandons.

 

Sur le sentier du retour

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Trace du jour depuis le refuge jusqu'au couloir :Carte_couloir_Baxouillade.JPG

 

Les chiffres de la journée :

Temps de marche total 8h27 pour 23,3 km à 2,75 km/h

Longueur totale du couloir : 200m

Dénivelé positif total : 863m – Dénivelé négatif total : 1082m

Point culminant : 2546m

 

Autres accès au pic de Baxouillade :

Pic de Baxouillade par la vallée du Laurenti

Pic de Baxouillade par le couloir des Estanys de la Porteille (PD sup)

Pic de Baxouillade par l’étang de Baxouillade en hivernale



24/01/2022
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