Pico de Aneto par los ibones de Coronas
30/07/2025 : Refugio de los pescadores – Ibonet de Coronas – Ibones de Coronas – Collado de Coronas (3201m) – Pico de Aneto (3404m) – aller/retour
L’ascension du « monarque » des Pyrénées par les étangs de Coronas est peut-être plus intéressante que la voie normale de la Renclusa. Cela passe par le versant sud du massif plus sauvage et rend visite à de beaux étangs glaciaires pour déboucher au collado de Coronas. Le défi du jour pour ma Corinne est double puisqu’elle n’a jamais gravi de sommet de plus de 3000 mètres, et va découvrir le mythique Pas de Mahomet qui nous a demandé un peu de préparation (Pic Rodó, Pic Carlit) pour faire face à cet ultime obstacle avec le moins d’appréhension possible.
La route forestière étant fermée à la circulation et ne voulant pas avaler plus de poussière que nécessaire, nous prenons le bus à Senarta à 5h15 afin de nous épargner 9 km de piste à l’aller comme au retour, et substantiellement 500 mètres de dénivelé. Le bus nous dépose au terminus de la piste de Vallibierna à 5h55, avec quelques protagonistes pour l’Aneto mais pas uniquement. Mise en marche à 6h05, le jour n’est pas encore levé. Nous suivons le GR11 durant 10 minutes puis nous nous engageons sur notre gauche dans le vallon de Coronas. Le sentier bien marqué dans un premier temps, va vite disparaitre lorsque nous prenons de la hauteur. Le terrain ne permet pas de voir clairement l’itinéraire, si bien que nous allons suivre des cairns qui vont nous déporter du chemin le plus direct au niveau d’un important éboulis. Cet évitement balisé de cairns nous dépose un peu au-dessus de l’ibonet de Coronas à 7h50, après 1h45.
Départ sur le GR11 au petit-jour
(photo Corinne)
Dans notre dos, Tuqueta Arnau à G et Tuqueta Blanca à D
La suite de l’ascension consiste à s’élever sur la rive gauche du petit cirque glaciaire pour atteindre le gradin supérieur où se nichent de nouveaux étangs. Même si la pente est déjà soutenue, cela reste du sentier avec de la pelouse, le plus fastidieux reste à venir. Heureusement, chaque pas ou presque nous offre un paysage changeant, soit dans notre dos, soit sur notre gauche vers la Tuca de Aragüells ou encore devant nous vers le nord. Au niveau d’un étang médian sans nom, il faut pousser la marche sur la gauche, et par une ascendance en diagonale vers l’ouest, nous parvenons à l’étage supérieur où l’on découvre un ensemble de 3 nouveaux étangs. Ce sont les ibones de Coronas, il est alors 8h23, et nous avons mis 2h17. Jusque là, nous sommes dans les temps des topos. Apparaissent enfin l’objectif du jour et la suite de l’itinéraire.
Ce sentier s'élève en pente soutenue
Le sentier s'élève sur la rive gauche pour franchir les falaises
Ibonet de Coronas vu en prenant de la hauteur
L'environnement devient de plus en plus minéral (photo Corinne)
(photo Corinne)
Première vue sur l'objectif du jour
Aguja Argarot dominant l'étang médian
La lumière baigne les sommets dans notre dos
Collado de Coronas et Pico de Aneto vus depuis los ibones de Coronas
Gros plan sur le collado de Coronas
La suite va consister à remonter une moraine latérale, puis un chaos colossal de roches jusqu’à parvenir au collado de Coronas. Nous marchons plein nord. Il y a des cairns un peu partout, chacun choisira donc son cheminement. Nous avons élu un passage très direct dans l’axe du col mais sur un terrain non croulant, en évitant de s’approcher de trop près de la base des aiguilles main droite. Jusqu’à 3000 mètres, le terrain est plutôt de bonne qualité compte tenu du matériel qui le compose. Au-delà de 3000 mètres, c’est de la roche exclusivement, une bavante inévitable. L’accès final au franchissement du col demande de poser les mains et d’être vigilant aux chutes de pierres provenant des personnes qui descendent du col, comme ce fut le cas pour nous. Un peu d’escalade sur terrain pourri avec un sac sur le dos, c’est de la randonnée qui demande un peu d’expérience. Ne pas se précipiter, bien analyser le terrain, car il faudra repasser par là au retour. Il est 10h15 lorsque nous franchissons le col, après 4h10 d’ascension continue. Nous rencontrons le soleil bien que nous passions en versant nord. Nous rencontrons également le reste du plus grand glacier des Pyrénées. Ce qu’il en reste ferait pleurer de tristesse ; des lambeaux, et sur sa partie supérieure, il n’atteint plus la cime. Moi qui l’avais découvert en 1989 pour la première fois, je suis atterré par une telle vision.
Le contournement de l'étang passe sur des dalles (photo Corinne)
Départ de la moraine
Il faut remonter une rivière de roches
Panorama de dos
Le soleil vient à notre rencontre
(photo Corinne)
Une partie déjà gravie
Gros plan sur le massif de Cotiella
Il reste encore beaucoup à gravir (photo Corinne)
La partie terminale du col (là où nous sommes passés)
Franchissement du col vu d'en bas
Franchissement du col vu d'en haut
Nous chaussons les crampons et nous nous engageons sur la neige glacée. Il ne faut surtout pas suivre immédiatement les potentielles traces qui partent au plus haut car cela conduit à de l’escalade sur la Punta Oliveras, à moins de vouloir toucher un peu le rocher. Il faut donc perdre un peu de dénivelé pour contourner cette cime, et reprendre l’ascension par une ascendance en diagonale. La neige glacée est encore de bonne qualité, les crampons font des merveilles. La partie terminale du glacier vient buter sur une barre rocheuse qu’il faut impérativement escalader. Ce nouvel obstacle était invisible il y a encore 10 ans. Plusieurs petites cheminées sont possibles, et les différentes cordées présentes font des choix divers. Pour éviter les risques de chutes de pierres, je choisis une cheminée plus haute que les autres, en III mais au moins nous sommes les seuls dedans à cet instant. Nous verrons pour le retour. Le final se passe sur un champ de roches ; la pente est moins forte, ce n’est plus qu’une formalité. Il est alors 11h18 lorsque nous nous présentons devant le Pas de Mahomet [5h05].
Premiers pas sur le glacier
Ce qu'il reste du glacier depuis le portillon supérieur
Gros plan vers le nord sur le Pic de Sauvegarde et Pic de la Mine
La photo est trompeuse le mur est très haut
Plusieurs choix possible pour franchir la barre rocheuse
Partie terminale de l'ascension
Pas de Mahomet (photo Corinne)
Le temps de nous encorder avec Corinne, et l’essentiel des personnes présentes sur la cime ont traversé ce bout d’arête étroit. Lorsque nous nous engageons, il reste encore 3 espagnols qui patienteront gentiment que nous traversions. Tout le monde est courtois et compréhensif, cela se passe le plus simplement du monde. La traversée s’effectue convenablement et nous serons même les seuls au sommet pendant plus de 15 minutes. Il est alors 11h50, une ascension de 5h05 alors que le topo annonçait 4h30. La météo est parfaite, sans vent, un froid raisonnable et une vue très étendue. Une ascension réussie ; pour monter plus haut à présent il faudra aller dans les Alpes. Un tour d’horizon, photos souvenirs et nous traversons une nouvelle fois le Pas de Mahomet à la faveur d’un « trou » dans les va-et-vient. Ce sera sur l’antécime que nous prendrons le repas sous un soleil trop présent.
Dans le Pas de Mahomet
(photo Corinne)
Vue vers l'Est (photo Corinne)
Gros plan sur le Besiberri Nord
Vallon de Coronas que nous avons remonté
Gros plan sur le Posets et le Monte Perdido au fond à gauche
Gros plan sur le massif de Perdiguère
Panorama au sud sur le Pic de Vallibierna
Gros plan sur El Turbón
La moitié du chemin étant seulement réalisée, il faut quitter cette altitude rare car la descente s’annonce plus traumatisante que la montée. Nous revenons sur nos pas à 12h45. Nous allons descendre le mur de roches sur un passage relativement court et moins raide qu’à la montée. Puis, cramponnage une nouvelle fois sur une neige qui s’est bien ramollie. Retour rapide au Collado de Coronas à 13h30 [5h53] où il faut ranger définitivement les crampons et le piolet. Puis désescalade délicate du col jusqu’à retrouver la moraine. Ce n’est plus qu’une longue descente. Nous avons une navette à 16 heures, mais il est impossible d’avancer rapidement, alors nous actons que nous prendrons la navette suivante à 18h30. Plus la peine de se presser vraiment.
Retour vers le collado de Coronas
Désescalade du mur avant le glacier
Ibón de Coronas encore bien loin au bout de la moraine
Le retour au niveau des étangs supérieurs coïncide avec un véritable sentier qui rend la marche plus agréable. Au passage de l’ibonet, nous trouvons le sentier plus officiel que nous avions quitté lors de la montée dans l’obscurité. Nous découvrons avec plaisir que cette partie est fleurie. La partie terminale est rapide et ombragée, ce qui est grandement appréciable. Nous terminons cette journée à 17 heures après 9h05 de marche réelle. Nous avons 1h30 à patienter à l’ombre au bord du torrent. Une ascension exigeante, mais nous n’en attendions pas moins pour gravir le « monarque » Pyrénéen. Le topo annonce un total de 8h30, je pense qu’il a été rédigé pour une période de l’année où il reste beaucoup de neige qui recouvre la moraine sur la partie supérieure des étangs ; cela permet donc d'avancer relativement vite.
En toute objectivité, cet itinéraire est plus physique et plus technique que la voie nord par le refuge de La Renclusa, donc prendre cette notion en considération. Corinne a relevé le défi de l’altitude et de l’appréhension du vide avec brio. Pour une première, c’est une réussite complète.
Proche de l'ibonet de Coronas
Torrent de Coronas sous l'ibonet (photo Corinne)
Tuca Arnau sur la droite (photo Corinne)
Carrefour entre la vallée de Coronas et le GR11
Refugio de los pescadores point de départ et arrivée
Trace du jour :
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 9h05 pour 12,3 km à 1,3 km/h
Dénivelé positif total : 1519 m – Autant en négatif
Point culminant : 3404m
Autre ascension de l'Aneto en versant Nord : https://randoludo.blog4ever.com/pic-d-aneto-en-hivernale
Autre ascension de l'Aneto en versant Sud par le couloir Estasen : https://randoludo.blog4ever.com/pic-daneto-par-le-couloir-estasen-pd-et-punta-oliveras-depuis-plan-de-sanara
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