Pic Carlit par les pics des Coll Roig et le col des Andorrans
07/10/2017 : Les Bouillouses – Estany Llat – Estany de Coll Roig – Puig Occidental de Coll Roig (2833m) – Puig Oriental de Coll Roig (2804m) – Puig de Solana Carnicera (2839m) – Puig de les Xemeneis (2878m) – col des Andorrans (2749m) – Puig Carlit (2921m) – Carlit de Baix (2806m) – Puig de Soubirans (2785m) – Pic de la Stèle (2804m) – Estany de la Castella – Les Bouillouses
« Que ceux qui croient qu’il n’existe plus de hautes cimes ni de spectacles grandioses à l’Est du Montcalm fassent l’ascension du Carlit. Ils constateront qu’il n’y a pas montagnes plus attrayantes » écrivait Pierre Soubiron, pyrénéiste, dans un de ses guides en 1930. Il est aussi le plus haut sommet de Catalogne française où il trône sur une cour de sommets de plus de 2800 mètres. C’est par un itinéraire détourné, passant par quelques hauts sommets que nous monterons à son faîte. Et comme le dit un proverbe chinois : « L’important n’est pas le but mais le chemin ».
Lever du jour aux Bouillouses
Cliché inévitable sur les pics Péric
Départ à 8 heures avec Yannick, depuis le barrage des Bouillouses, en suivant le sentier du tour des lacs. Au niveau de l’extrémité Nord de l’étang Sec, quitter le sentier principal en bifurquant à gauche en direction du grand étang Llat. On part alors plein Ouest sur ce que l’on nomme le désert du Carlit. Cela s’apparente à une steppe où quelques éboulis recouverts de rhododendrons rappellent l’origine bien Pyrénéenne du lieu. Le jaune de la pelouse trahit également l’intensité du soleil Méditerranéen.
Estany Sec
L'estany Sec vu de haut
Estany Llat et Tossal Colomer
Regard en arrière
Au niveau de l’étang Llat, nous choisissons de monter par la butte plein Ouest, mais le terrain est malcommode. Il doit y avoir une meilleure solution à chercher plus au Sud, en acceptant de perdre 50 mètres. Pourtant dans ce hors sentier touffu, on trouve de-ci de-là des cairns et quelques bouts de sentes. On contourne ainsi le Tossal Colomer, puis le Solana Carnicera. Dans ce coin en apparence abandonné de vie, nous allons croiser un cerf et ses biches, une femelle mouflon et ses petits, ainsi qu’un isard. Comme quoi, la vie abonde aussi sur le désert du Carlit !
Face Sud du Carlit au centre
Désert du Carlit
Cette approche ne présente pas de difficulté, mais il y a de la distance et il faut avoir le pied sûr en traversant le pierrier couvert de végétation. Nous arrivons directement au niveau de la cabane de l’estany de coll Roig. Il est 10h25, une pause est la bienvenue. 2h25 de marche et très peu de dénivelé au compteur, mais les choses vont changer. La porte de la cabane est cassée, dommage pour les soirées hivernales.
Estany de coll Roig et pic de Coll Roig Occidental
Cabane de l'estany de Coll Roig
Le pic de Coll Roig Occidental se rapproche
L'estany de Coll Roig comme suspendu
La suite se passe de commentaire : droit dans la pente, azimut sanglier. C’est du vertical, c’est du brutal. On trouve de l’eau durant la montée, une occasion de refaire le plein des gourdes. Il ne reste plus qu’à viser le sommet tout à gauche. Dans la partie la plus haute, la pente s’assagit et un sentier se dessine sur un terrain rouge très Martien. Il est 11h26 quand nous parvenons sur la première cime du jour. Il nous aura fallu 3h08 pour se rendre sur le Puig Occidental de Coll Roig culminant à 2833m. C’est le plus haut des deux pics éponymes. Le panorama que l’on découvre est stupéfiant, principalement vers l’Ouest, où l’horizon ne semble pas avoir de limite.
Vue vers le Sud/Est
Vue vers le Nord/Est
Vue vers le Nord
Vue vers l'Ouest
Vue vers le Nord/Ouest
Désert du Carlit et Pic du Canigou, la mer tout au fond
Ici, les montagnes ne présentent pas de concentrations d’aiguilles torturées, mais de larges crêtes écrasées. Seule, la serra de les Xemeneis échappe à cette règle morphologique. La suite de la crête doit nous conduire au sommet suivant. C’est parti pour un galop à plus de 2800 mètres. Le puig de Coll Roig Oriental (2804m) est gravi à 11h53 [3h21] ; les deux sommets ne sont distants que de 13 minutes. Alors sans attendre, nous enchainons vers l’Est. Ce chainon de crête conduit au sommet tabulaire du Solana Carnicera. 12h22, c’est l’heure de la pause repas indispensable. Première partie de journée conclue en 3h21. Du haut de ce promontoire, la vue s’étend sur une partie des étangs du Carlit, sur toute la chaine frontière, et un bout de mer Méditerranée. Même si le soleil est présent sur un ciel azur, le fond de l’air n’en demeure pas moins froid quand on est inactif. La veste se supporte bien.
Puig de Coll Roig Occidental vu depuis l'Oriental
Sommet du puig de Coll Roig Oriental
Une partie du chemin déjà parcouru
Les objectifs suivant vus depuis le Solana Carnicera
Nous entamons la seconde partie de journée à 13h20, en allant rendre visite au proche sommet de les Xemeneis. Il ne faut que 10 minutes pour s’offrir une nouvelle cime. Tout l’intérêt de celle-ci est d’observer la serra de les Xemeneis qui présente une belle crête comme terrain de jeu pour l’alpinisme local. Sans plus attendre, nous enchainerons avec la partie la plus complexe du jour, le Carlit par le col des Andorrans.
La crête déjà parcourue
La serra de les Xemeneis
L’histoire de ce sommet a retenu que le comte Russell fut le premier à gravir le pic Carlit par le col des Andorrans en 1864. S’il est le premier à en avoir relaté le récit, je doute qu’avant lui, quelques locaux n’aient pas tenté l’ascension avec succès. L’idée de passer par ce col avec comme obstacle une face verticale et obscure de 170 mètres est bien dans l’esprit aventurier de ce célèbre Pyrénéiste. Face à ce mur, nous sommes perplexes, mais néanmoins confiants en la faisabilité. Il n’y a plus qu’à aller voir.
Vu d'ici c'est inquiétant
Ce n'est pas mieux vu de là
La partie la plus délicate consiste à gagner le col. Sur le fil de l’arête quelques pas de désescalade sont nécessaires, néanmoins on peut toujours éviter la difficulté en passant quelques mètres plus bas, versant Ouest. A partir du col, cela devient plus ludique. Il faut poser les mains constamment, mais cela n’excède pas le II+ ; le terrain est plutôt bon malgré un rocher pas vraiment sain. La prise de dénivelé est rapide et à 14h18 nous parvenons sur la cime du pic Carlit, en 4h44. Ce fut plus facile qu’il n’y paraissait. Ce haut sommet est victime de son succès, il grouille de monde et malgré l’heure avancée, une multitude de marcheurs arrivent encore par la voie normale. On ne va pas rester bien longtemps. Au mois de Mai avec Emma, nous avions eu le plaisir de passer une heure sur place, aujourd’hui on se contentera de 20 minutes. La vue du jour nous permet de voir distinctement la mer vers l’Est jusqu’au Mont Valier à l’Ouest. Avec le Pic du Canigou, nous avons au Carlit la vue la plus étendue que l’on puisse trouver dans les Pyrénées.
Le passage s'insinue dans ces dalles
Vue étendue vers l'Est, le proche Tossal Colomer et les étangs supérieurs
La croix est à nouveau solidement fixée
La suite de la crête vers le Nord/Est en direction le grand plateau
Au loin en zoomant, le Mont Valier
Après concertation et pour profiter pleinement des conditions exceptionnelles de cette journée, nous repartons en direction des sommets voisins. Encore un bout de crête pour éviter la foule de la voie normale. Cette crête ne présente pas de difficultés majeures pour peu que l’on ne soit pas sujet au vertige. Elle conduit rapidement au Carlit de Baix, ajoutant ainsi un nouveau sommet au compteur. Carlit de Baix 15h08 en 5h12. Nous ne faisons que passer et l’on enchaine, puisque à partir du Carlit de Baix la crête devient de plus en plus facile.
Pic Carlit vu du Carlit de Baix
Vue depuis le pic de Sobirans
Vue vers l'étang du Lanoux et le proches sommets Ariégeois
Le pic de Soubirans (2785m) domine l’étang éponyme et donne accès à un large plateau d’altitude. C’est non loin de la stèle d’un jeune défunt que se termine ce périple d’altitude, avec pas moins de 8 sommets gravis. Pratiquement un record en si peu de temps ! Sur cet altiplano où par temps de brouillard l’orientation deviendrait complexe, il n’y a plus qu’à choisir un itinéraire de retour. Ça passe partout, où que l’on décide d’aller pour rentrer sur les Bouillouses. Il est 15h30 et déjà 5h32 quand nous quittons le pic de le Stèle. Nous pourrions aller chercher l’estany del Racò dans la vallée de la Grave, mais l’heure avancée nous incite à choisir un itinéraire plus direct.
Estany del Racò et vallée de la Grava dominée par le pic Péric
Nous mettons le cap vers l’Est pour aller chercher l’étang de la Castella. Sur la partie supérieure du plateau, il n’y a aucun balisage, mais lorsque l’on rentre dans un goulet étroit qui mène à l’étang, un sentier se dessine et des cairns prennent le relais du balisage. Etang de la Castella, à partir de cet instant nous revenons sur un terrain très plat. Nous allons sauter de lac en lac, dans un beau chapelet de miroirs bleus. Le bon sentier du tour des lacs se charge de nous ramener au point de départ, et fermer ainsi cette étonnante boucle, où l’horizontalité des lacs s’oppose à la verticalité des cimes.
Estany de la Castella et son étonnant terril
Estany de les Dugues
Il est 17h35 quand l’on retrouve le parking du barrage. Fin d’une exceptionnelle journée d’automne, conclue en 7h18 de marche. La particularité de cette randonnée est qu’elle se déroule entièrement à plus de 2000 mètres. Cela est assez rare dans les Pyrénées pour le souligner. Malgré la longueur conséquente de cette boucle, le dénivelé positif reste raisonnable. C’est aussi cela le massif du Carlit.
Tracé du jour sur carte IGN 1/25000
Les chiffres de la journée :
Temps de marche total 7h18 pour 23km à 3,2 km/h
Dénivelé positif total : 1414 m – Autant en négatif
Point culminant : 2921m
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